Scandale – #MeToo, mi-politique
Nicole Kidman, Charlize Theron, Margot Robbie sont à l’affiche
de ce film qui dénonce d’un même mouvement la chaîne d’info
en continue conservatrice Fox News et le harcèlement que faisait
subir son patron aux femmes de la rédaction.
Par Lisa Muratore
Temps de lecture 5 min
Après l’onde de choc Weinstein et le mouvement #MeToo, Scandale est le premier film hollywoodien à dépeindre les controversées affaires de harcèlement sexuel dans le monde des médias. La télé avait pris une longueur d’avance avec les séries à succès The Loudest Voice, The Good Fight ou dernièrement The Morning Show. Tout comme le film taiwanais Nina Wu sorti il y a deux semaines en France.
Inspiré de faits réels, le long-métrage de Jay Roach raconte la débâcle du fondateur et l’intouchable patron de Fox News, Roger Ailes et les allégations d’harcèlement sexuel ayant poussé à sa démission en 2016, après vingt ans passés à la tête de la chaîne américaine. Roger Ailes était à la télévision ce qu’Harvey Weinstein était au cinéma, c’est-à-dire un prédateur sexuel qui abusait de sa position pour satisfaire ses pulsions.
Scandale déballe avec beaucoup de pudeur la monstruosité d’un homme et d’un système et s’offre aussi quelques excentricités…
The Loudest Voice, faisait le choix osé de prendre le point de vue de Ailes, de creuser dans les fondations de Fox News, de dépeindre sa montée en puissance, jusqu’à sa fameuse chute et à son décès en 2017. Porté par un prestigieux casting : Nicole Kidman, Charlize Theron, Margot Robbie… Scandale de son côté, opte pour la vision des journalistes de la Fox. Abordant la complexité de chacune d’entre elles, sans s’en tenir à une représentation de la femme uniquement victime. Nicole Kidman (Gretchen Carson) campe la Mère Courage qui affronte un licenciement et un procès très couteux, Charlize Theron (Megyn Kelly, star de la chaîne) s’avère un personnage plus ambigu, hésitant à dénoncer les gestes qu’elle a subit tout en naviguant au mieux au sein de la rédaction. Alors que Margot Robbie, est la seule à interprèter un personnage fictif, talentueuse ingénue qui découvrira vite « les dessous de la loyauté » – quitte à relever les siens au regard libidineux de Roger Ailes (John Lithgow) dans une scène dérangeante. A ce trio de femmes s’opposent l’épouse de ce dernier, sa secrétaire ou encore la majorité de la rédaction, qui ont choisi de fermer les yeux sur son comportement.
Scandale déballe avec beaucoup de pudeur la monstruosité d’un homme et d’un système et s’offre aussi quelques excentricités… Notamment lorsque Charlize Theron brise le quatrième mur afin d’expliquer aux spectateurs la matrice de Fox News. Rappelant les films sur la finance The Big Short – le scénariste Charles Randolph a travaillé sur les deux projets – ou dernièrement The Laundromat. Jay Roach, réalisateur de comédies à succès (Austin Powers, Mon Beau-Père et Moi…), donne une tonalité politique à ses films depuis Recount (2008) qui s’attachait au comptage des bulletin en Floride lors des élections présidentielles de 2000. Comme en dénonçant aujourd’hui le scandale privé qui fit tomber Ailes, tout en brossant également le tableau de la manipulation médiatique de Fox News durant la campagne présidentielle de Trump. Salutaire !
Voir aussi