Golden Globes 2020 – Où sont les femmes ?

Les nominations pour les Golden Globes 2020 sont tombées. Comme chaque années, elles nous donnent un avant goût de ce que l’on retrouvera aux Oscars. Un bon présage ? Pas si sûr… Décryptage.

Par Axelle Amar

Temps de lecture 5 min.

Golden Globes 2020

Annonce des nominations

Todd Phillips, Quentin Tarantino et Martin Scorcese sont sans surprise en tête de ces Golden Globes, avec chacun leur place dans les listes des nommés en meilleur réalisateur, meilleur film dramatique et comédie : les trois plus grosses catégories. Leurs acteurs sont tout aussi gagnants, avec des nominations en meilleur acteur dramatique pour Joaquin Phoenix, dans une comédie pour Leonardo DiCaprio et en second rôle pour Joe Pesci, Al Pacino et Brad Pitt…Noah Baumbach, Adam Driver et Scarlett Johansson seront aussi là pour accompagner le sensible Marriage Story, nommé dans 7 catégories.

Du côté des femmes ? Elles sont encore sous-représentées et doivent se cantonner aux catégories qui leurs sont dédiées : meilleure actrice dans un drame ou une comédie et meilleur second rôle . Dans les 7 catégories mixtes, on ne retrouve que 7 femmes sur 35 nommés, et seulement dans les catégories films animés, films étrangers, meilleure bande originale et meilleure chanson originale. Bien évidemment, s’il y a déjà peu de femmes, la diversité raciale laisse aussi à désirer, avec une sélection blanche de chez blanche, si ce n’est pour Eddie Murphy (Dolemite is my name) et Cynthia Erivo (Harriet). Pour contrer cela, la France bat tous les records, avec une délégation 100% minorités dans la catégorie Films Étrangers : Céline Sciamma et son Portrait de La Jeune Fille en Feu et Ladj Ly avec Les Misérables. Heureusement que deux films français sont en compétition. Les séries viennent aussi rééquilibrer cela, avec 2/5 séries réalisées par des femmes dans la catégorie série comique ou musicale — Fleabag, crée par Pheobe Waller-Bridge qui était déjà la grande gagnante des Emmy Awards, et The Marvelous Mrs Maisel, crée par Amy Shermann-Paladino — et le même nombre pour les séries dramatiques avec Big Little Lies, dont la deuxième saison est réalisée par Andrea Arnold ( Fishtank, American Honey), et Killing Eve, autre création à succès de Phoebe Waller-Bridge.

La faute au comité de sélection des Golden Globes ? Ce serait trop facile. Si la selection est si masculine cette année, c’est surtout parce qu’elle est représentative d’une production cinématographique aux États-Unis où les femmes sont encore très peu présentes. On aurait pu penser qu’après les mouvements #MeToo et Time’s Up, les chose auraient un peu plus bougé. Mais la place des femmes reste encore minime dans le 7e art outre-Atlantique. Un sujet dont on parle beaucoup depuis plusieurs années, et qui est de plus en plus dénoncé —  comme le montre le documentaire Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood produit par Geena Davis, rempli de témoignages d’actrices, réalisatrices et productrices américaines. Une parole qui met en lumière les inégalités, mais la résolution semble pénible. Et si on croise cela avec la question des autres formes de discrimination (raciale par exemple), les chiffres sont encore plus aberrants. Certaines réalisatrices ont bien réussi à s’imposer — non sans mal — comme Greta Gerwig (Lady Bird, Les Quatre Filles du Docteur March) ou Ava DuVernay, réalisatrice militante et première femme noire a être nommée aux Golden Globes dans la catégorie meilleur réalisateur — qui n’a malheureusement pas de dénomination neutre en français, avec son film Selma en 2015. Mais ce ne sont pas les seules réalisatrices américaines talentueuses. Où sont cette année Marielle Heller, qui offre pourtant sa nomination à Tom Hanks avec Un Ami Extraordinaire, Alma Har’el et son Honey Boy torturé ou encore Melina Matsoukas et l’important Queen & Slim ? Les minorités ont aussi une voix, et il est grand temps pour Hollywood de les écouter.

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