Déconfinement

Les festivals contre-attaquent !

Le mois de juin sera riche en festivals de cinéma. Après le choc du confinement et
l’annulation des éditions physiques, ils ont relevé la tête et se sont réinventés.
Panorama des différents rendez-vous des prochaines semaines.

Par La rédaction

Temps de lecture 5 min.

Ce vendredi a démarré le premier festival post-Covid : baptisée We are One : A Global film festival, cette manifestation 100% digitale fédère à l’initiative du festival de Tribeca une vingtaine d’autres références du circuit parmi lesquelles Cannes, la Mostra de Venise et la Berlinale. Jusqu’au 7 juin, les cinéphiles ont ainsi accès sur la chaîne YouTube de We are One à quelque 105 films issus des collections des festivals partenaires. Composée en grande partie de courts-métrages et de documentaires, la programmation ne remplace pas ce qui fait le propre des grands festivals : l’excitation de découvrir la fine fleur de la production mondiale en avant-première (et de préférence dans des salles de cinéma). Si le menu est riche et que l’on pourra tout de même y faire de belles pioches, l’évènement est avant tout symbolique, une manière d’affirmer solidairement l’importance des festivals en tant que défricheurs et curateurs de la création cinématographique mondiale.

Ce jeudi 28 mai, le gouvernement a laissé entrevoir une sortie de crise en fixant au 22 juin la réouverture des salles et l’autorisation des évènements en plein air jusqu’à 5000 personnes, dans le respect d’un cahier des charges sanitaire. Certains ont déjà annoncé le maintien de leur édition à l’automne, comme le Festival Lumière de Lyon, qui aura lieu du 10 au 18 octobre, ou encore le festival du film britannique de Dinard, confirmé du 30 septembre au 4 octobre. Chez ceux qui devaient se tenir ce printemps et cet été, et qui payent la crise au prix fort, diverses décisions ont été prises pour pallier à l’impossibilité d’une manifestation physique. Leurs efforts de résilience et d’imagination nous permettent d’entrer dans une saison qui, après la douloureuse annulation de Cannes, ne sera pas complètement blanche et sèche.

Le plus grand festival de cinéma du monde a choisi de substituer à son édition du début du mois de mai, qui regroupe habituellement près de 13 000 personnes sur un petit bout de Croisette, une sélection non-compétitive, qui sera annoncée par son délégué général Thierry Frémaux le 3 juin à 18h en clair sur Canal+, histoire de conserver un certain décorum. Cette option est logique : maintenir en ligne, a minima, un festival excessif par définition, indissociable du barnum de stars et de tapis rouges qui fait sa légende, n’aurait pas eu de sens. Cannes, dont la partie marché s’est en revanche déroulée online, a donc choisi de faire du stock de paillettes et de mettre l’accent sur la facette moins glamour mais tout aussi essentielle de son identité : la promotion des films et des cinéastes.

Si elles n’auront pas la chance d’être projetées au Grand Théâtre Lumière, le Saint des saints du palais des festivals, les œuvres sélectionnées cette année bénéficieront tout de même du label Cannes, un levier précieux pour la suite de leur carrière en salles et dans d’autres festivals. D’autres festivals ont eux aussi estimé qu’une version entièrement digitale n’était pas compatible avec leur ADN. Ainsi du Festival de la Rochelle, spécialisé dans le cinéma de patrimoine, qui a imaginé une solution hybride : une partie de sa programmation 2020 sera présentée en ligne du 26 juin au 5 juillet, dates auxquelles l’édition normale aurait du avoir lieu, dans l’attente d’une manifestation physique réaménagée à l’automne.

Pour découvrir notre interview des délégués généraux du Festival de La Rochelle, c’est ici 

Solution hybride également pour le Festival du Film de femmes de Créteil, contraint de fermer ses portes le 13 mars dernier, le jour-même de son ouverture, pour se conformer à l’annonce du confinement. Depuis ce brutal coup d’arrêt, le festival a rebondi en demandant aux membres des jurys de regarder les films à distance et de rendre un palmarès, afin de soutenir malgré tout les réalisatrices en compétition. Et travaille au report de la manifestation physique à l’automne, sous une forme réduite.

Le palmarès du Festival du Films de femmes de Créteil : ici

Restent enfin les festivals dont la nature et la ligne éditoriale ont rendu plus facile la conversion ponctuelle au tout digitale. Ainsi, après la tenue du Cinéma du réel sur le site de Mediapart en mars, le mois de juin sera à nouveau illuminé par un foisonnement de festivals en ligne : le Très court festival du 5 au 14 juin, qui a mobilisé son réseau international de 70 villes pour une édition virtuelle mais complète (retrouvez prochainement sur Somewhere\Else une interview de sa coordinatrice générale, Perrine Dufourcq) ; le Festival des Champs-Elysées du 9 au 16 juin, qui maintient online une appétissante compétition de films français et américains (critiques et interviews à suivre sur Somewhere\Else) ; ou encore le Festival du film d’animation d’Annecy, dont la version digitale, du 15 au 30 juin, permettra au monde de l’animation de rester soudé. Chacun essaiera de recréer, via des masterclasses et autre rencontre par écran interposé, la convivialité qui fait la saveur d’un festival. Si beaucoup d’incertitudes demeurent sur l’impact économique à long terme de cette année catastrophe sur les festivals, elle aura au moins démontré leur insubmersible vitalité et leur envie d’en découdre.

Très court festival
Festival des Champs-Elysées
Festival d’Annecy

Voir aussi

Disponible sur Mubi

Films
19 janvier 2021

Ham on Rye, de Tyler Taormina

Critique

Avec son premier long-métrage, Ham on Rye, le jeune réalisateur américain Tyler Taormina apporte sa pierre à la déconstruction du teen movie, et délivre un propos engagé à travers un…

Disponible sur Netflix

Films
28 janvier 2021

The Dig sur Netflix

Critique

Deuxième film du metteur en scène australien Simon Stone, plus connu pour son travail au théâtre, The Dig est une élégie grandiose, faussement corseté, qui retrace l’histoire vraie d’une découverte…