Winter is dancing

Les Clips de l’hiver

Playlist. Spike Lee s’essaye au rock, Agoria visite l’Argentine… Petite sélection de clip-vidéos pour danser sous la neige.

Temps de lecture 5min

Par Lisa Muratore , Tess Volet et Quentin Moyon

 

 

 

 

The Killers, Land Of The Free

Ouvertement anti-Trump, le nouveau morceau des Killers en a gros sur la patate. Née de la détresse ressentie face à la tuerie de l’école de Sandy Hook en 2012, il s’en prend au laxisme face au port d’arme et au fameux projet de mur sur la frontière avec le Mexique. Les rockers de Las Vegas signent là un acte fort surprenant de la part d’un groupe considéré jusque-là comme apolitique. Et qui de mieux pour mettre en images cette dénonciation acerbe que le réalisateur de Blackkklansman. Spike Lee, dont l’engagement n’est plus à prouver : « Ça parle de ce qui se passe actuellement explique le réalisateur… Plus de 800 000 Américains en sont à leur quatrième semaine sans être payés. Des gens souffrent. » (du shutdown qui prive les fonctionnaires de rémunération). Un clip puissant sur la situation des migrants le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis qui s’inscrit dans la droite lignée de la vidéo They Don’t Care About Us réalisé par Spike Lee en 1996 pour Michael Jackson.

Agoria, You’re Not Alone

Dans l’attente de son album Drift en mars prochain, le producteur d’électro français Agoria a confié la réalisation de son clip-vidéo à Hernan Corera, lauréat argentin du Latin Grammy Award pour son clip Gallo Negro. Tourné au milieu de la pampa, ce clip onirique montre les étapes inévitables de la vie.  La mort est illustrée par l’enterrement du chef du village, tandis que l’on déchiffre l’amour qui unissait le défunt et sa jeune femme. Mais la tristesse du deuil est contrebalancée par la naissance d’un enfant, la joie et la liberté de vivre : ils dansent, fument, boivent… Jonglant entre le clair et le sombre, le bleu et le rouge-orangé, les plans séquences et les plans fixes, le réalisateur oppose la réalité du deuil au rêve partagé de liberté. Réincarnation ? Cycle de la vie ? Hernan Corera donne sa réponse dans l’interview accordée à Somewhere\Else.
T.V.

Scratch Massive, Fantome X

Thomas Vernay avait déjà réalisé Ice Teens pour Scratch Massive. Un film dans lequel les élèves d’un pensionnat de jeunes filles coupées du monde connaissent un destin macabre. Le réalisateur nous plonge une fois de plus dans cette atmosphère sombre, aux plans d’une symétrie presque sectaire. Les costumes rouges écarlates, et le thème de la mécanique reproductive, ne sont pas sans rappeler l’univers de la série phénomène The Handmaid’s Tale. La vidéo questionne nos croyances, montrant l’endoctrinement puis l’émancipation de ses protagonistes dans une ambiance surnaturelle.  Les beats lourds du groupe français, mêlés à la voix crépusculaire de Grindi Manberg, guiderons l’héroïne principale – au début, cloitrée dans sa condition de femme objet – sur le chemin de la liberté.
L.M.

Rosalia, De Aqui No Sales

Nouveau clip de la diva espagnole qui mixe Flamenco et musiques urbaines . On y retrouve une Rosalia plus amère que dans le clip de Bagdad par exemple. Mais la chanteuse joue une fois de plus des codes espagnols. Réalisé par Diana Kunst et Mau Morgo (Fukk Sleep d’A$AP Rocky), la vidéo de Rosalia se pigmente de couleurs chaudes, la robe flamenco se transforme en combinaison de moto alors qu’un moulin en flamme évoque Don Quichotte. Méconnaissable lorsqu’elle émergea d’une eau d’un noir profond, l’artiste se métamorphose en une déesse vengeresse, et guide sa tribu de danseuses (déjà présente dans Malamente) dans le cœur de la nuit, façon MIA avec Bad Girls. Avec De Aqui No Sales, Rosalia subjugue une fois de plus par sa puissance en décrivant avec passion et amertume les maux et la violence que l’amour peut provoquer.

The Limiñanas, Trois Bancs

Un troisième clip issu de l’album de Shadow People. L’album de The Limiñanas, le groupe de garage de Perpignan dont le rock brut, et pourtant hypnotique, a convaincu l’Amérique. Pour Trois Bancs, le duo a fait appel à l’illustrateur Sylvain Rusques qui a conçu un enchainement de dessins, à la ligne claire, en noir et blanc aussi minimaliste dans sa forme que psychédélique dans le fond.

« Les “Trois Bancs” de la chanson sont ceux d’un lycée de province dans les années 80. Avec les bandes qu’on pouvait rencontrer à l’époque. Les mods, les skins, les punks, les rude boys… C’est un voyage. On ne sait pas trop ce qui arrive au héros.  Il est peut-être en train de rêver.  Il va croiser tous les protagonistes de l’histoire mais au travers d’un prisme lysergique » explique Lionel Limiñana à Nova. « Je suis allé à la rencontre des Limiñanas, leur exprimant ma motivation à l’idée de collaborer. » ajoute Sylvain Rusques. « Ils m’ont alors présenté l’histoire de Trois bancs et m’ont dès lors fait entièrement confiance (pour) insérer des références à leur parcours et à l’album ». Une rencontre qui matche !
J.B.

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