Clipanorama #16
Chaque semaine, on vous propose une sélection des clips les plus cinématographiques du moment dans le Clipanorama.
Par Quentin Moyon & Valentine Bounaud
Temps de lecture 10 min.
Julien Doré, La Fièvre
C’est sur une rythmique entêtante que nous accueille le nouveau hit estival signé Julien Doré. Après deux ans de silence depuis son album Vous & Moi, le chanteur qui nous avait habitué à occuper les ondes revient avec La Fièvre. Si cette dernière n’est ici pas accompagnée de perte de goût ou d’odorat, ni de toux prononcée, l’urgence n’en est pas moins grande. Car le « monde a changé / Il s’est déplacé quelques vertèbres », comme le martèle l’artiste pour mettre en exergue la crise climatique qui s’annonce. Derrière la caméra, le cinéaste Brice VDH, avec lequel il a déjà collaboré notamment pour sa géniale reprise de La Javanaise en japonais, fait paradoxalement le choix d’un clip léché et très coloré, qui n’appuie pas sur l’aspect impérieux de la crise. Il faudra se contenter d’une personnification de la planète en être humain, devant faire face quotidiennement aux déboires de ses semblables. Une jolie vidéo, rien de plus.
Benjamin Biolay, Vendredi 12
On poursuit cette spéciale Made in France avec Vendredi 12, l’un des extraits phare de l’album Grand Prix, le 9e EP de Benjamin Biolay, qui nous a été révélé… un vendredi 12. Outre son sens impeccable du timing, l’artiste confirme ici son amour pour le Septième art. Désormais créature hybride entre chanteur et acteur (un chacteur ?), comme en attestait encore récemment sa performance dans Chambre 212 de Christophe Honoré, Biolay fait son cinéma jusque dans ses clips. Celui de Vendredi 12 est un mashup rendant hommage à la grande Monica Vitti, à travers des extraits des films de Franco Giraldi Les ordres sont les ordres (1972) et Le super témoin (1971), assemblés avec la complicité du réalisateur Sébastien Auger. Sublimissime, la star italienne passe par tous les tourments amoureux tandis que le chanteur de Villefranche-sur-Saône balance en bande-son son spleen de lover-loser à l’humour malicieux (« Je n’suis pas d’la brigade fluviale »… ok !). Presque trop facile, mais irrésistible.
Hervé, Le premier jour du reste de ma vie
Pièce détachée du duo Postaal, Hervé ne cesse de nous charmer par ses vocalises tabagiques. Dynamique, rocailleux et funky, le nouvel extrait de son album Hyper, qui vient de pointer le bout de son nez, fait un clin d’œil au plus mélancolique Premier Jour du reste de ma vie d’Etienne Daho, et sans transition, nous pousse violement sur le dancefloor. Le clip, réalisé par l’artiste Ponctuation, dévoile un Hervé agent d’entretien dans un hôtel à l’abandon, où toutes les occasions sont bonnes pour échapper à son labeur. Entre sieste sur les doubles épaisseurs de papier toilette ou sur une planche à repasser, et découverte d’un brocolis dans le tuyau de l’aspirateur, le chanteur en blouse bleue se déhanche fougueusement dans les couloirs déserts. Comme pour résister par la danse et la musique à la fatalité d’un travail sans âme et à l’oppression des choses matérielles. On signe !
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