2019, a-t-elle été l’année Stephen King ?

Films, séries, livres, à l’heure des bilans on constate que le maître du fantastique a été présent sur tous les canaux possibles en 2019, pour le meilleur comme pour le pire. Explications.

Par Rod Glacial

Temps de lecture 5 min

l’année Stephen King

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Trois films de cinéma, un film Netflix, deux séries, un nouveau roman (The Institute), deux anthologies, une dizaine de court-métrages et une rétrospective d’un mois et demi au Forum des images, on n’a peut-être jamais autant évoqué Stephen King dans l’ère récente que cette année. 2019 marque en effet une sorte de climax dans la décennie de l’écrivain américain qui était jusqu’alors ponctuée de quelques projets importants, qu’on ne retiendra pas forcément (Carrie, la vengeance, Big Driver, Cell Phone). Et pourtant, ça commençait mal.

Remake de sa propre adapation de 1989, Simetierre sortait à nouveau sur les écrans en avril dernier. Réalisé par deux New-Yorkais (Kevin Kölsh et Dennis Widmyer), que retenir de ce film par rapport au roman de 1983 de King, ou même au premier film du nom ? Rien. Esthétique laide, plot pourri, acteurs sans intérêt (exit John Lithgow), comme beaucoup d’autres prétendants, le film souffre du syndrôme 2010 où chaque essai dans l’horreur se solde par un même résultat décevant et réchauffé (des masques, un enfant élu, une secte…). Aussi vite vu, aussi vite oublié.

Sorti le 11 septembre en France, Ça: Chapitre 2 était bien plus attendu – suite oblige. Classé n°10 du box office 2019 américain, les aventures du clown Pennywise laissent pourtant un arrière-goût amer. Comme le démontre une durée de 2h41, la stratégie d’Andy Muschietti était clairement d’épuiser le spectateur, qui n’a malheureusement aucune branche à laquelle se rattraper durant ces quête dans le néant. Ok, la scène d’intro featuring Xavier Dolan amenait un certain malaise, quelques bestioles mutantes également, mais la noirceur s’évapore vite au profit d’un long épisode de Stranger Things. Les dialogues sont affligeants, le mystère absent, tout y est lourdingue et évident : bienvenue dans le brorror, l’horror pour les bros.

Après ces deux échecs, on attendait une réaction de Netflix, surtout avec Vincenzo Natali (Cube, Splice) à la caméra. Dans les hautes herbes est d’abord une nouvelle parue dans le magazine Esquire en 2012 et écrit à 4 mains par King et son fils Joe Hill. Son adaptation est sorti le 4 octobre dernier et reprend un thème cher à l’auteur : le champ de maïs. Ici, une famille s’y retrouve coincée par une force naturelle tordant le temps et l’espace, et ce n’est pas Patrick Wilson (Conjuring) qui pourra les sauver. Les grosses ficelles et l’esthétique Netflix (toujours aussi dégueulasse) ne servent pas ce téléfilm qui restera, quoiqu’on en dise, un simple téléfilm.

En bref, on n’attendait plus rien de Doctor Sleep à sa sortie en décembre, « la suite de Shining » réalisée par Mike Flanagan (derrière Oculus, Hush, mais aussi Ouija). Adaptation certes fidèle du roman de King publié en 2013 – désormais habitué du recyclage – l’œuvre est un gloubiboulga de tout ce qui est sensé faire le cinéma d’horreur : trauma, nostalgie, télépathie, enfant génie, secte, magie, vampires et j’en passe. Et encore une fois, le schéma s’étend sur 2h32 pour achever de conserver quoique ce soit de positif de cette expérience. Et dire que le plan promo jouait sur le surpassement du film de Kubrick !

Finalement, le Stephen King pertinent est peut-être à rechercher dans tous ces courts-métrages qui ne cessent d’affluer, ou dans les deux dernières séries qu’il a écrites. D’abord la saison 2 de Castle Rock diffusée sur Hulu, avec un Tim Robbins en proie aux démons dans la ville mythique de King (celle de Cujo et Dead Zone). Et ensuite avec la saison 3 de Mr Mercedes, où un flic à la retraite joué par ce bon vieux grincheux de Brendan Gleeson traque un psycho qui roule en Merco.

Pour tous ceux qui ont définitivement jeté l’éponge sur Stephen King et qui pensent qu’il n’est plus bon à rien depuis le début des années 90 (on ne leur en voudra pas), il reste bien évidemment les anthologies pour se replonger dans le très vaste catalogue de son œuvre, écrite et/ou adaptée. C’est ce qu’ont entrepris deux éditeurs. D’abord Stephen King at the Movies (Palazzo Editions) signé du journaliste anglais Ian Nathan, qui revient dans les grandes lignes sur 4 décennies de films. Et L’anthologie (Hachette Heroes ) signée Mathieur Rostac et François Cau qui répertorie tous les travaux du King, que ce soit pour la télé ou le cinéma, mettant en lumière le faisceau de liens existants entre ses histoires via d’ingénieux graphismes et observant avec une certaine amertume le rendu ramolli de ses puissants romans lorsqu’ils passent à l’écran. Toujours avec de bons mots, c’est important. Dans 30 ans, trouvera-t-on Doctor Sleep aussi passionnant que Christine (également ressorti cette année)? La question reste en suspend.

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