Le Regard de Charles – Aznavour cinéaste

Composé des images Super 8 filmées par Charles Aznavour de 1948 à 1982,
ce documentaire plus qu’atypique est produit par Mischa Aznavour,
le fils du chanteur, et réalisé par Marc di Domenico que nous avons rencontrés.

Interview de Quentin Moyon

Temps de lecture 6 min.

Le Regard de Charles

Bande Annonce

Le Regard De Charles commence par un cadeau d’Edith Piaf. En 1948, Charles Aznavour reçoit de cette amie proche une caméra Paillarde, qui sera jusqu’en 1982 un prolongement de lui-même. C’est un voyage dans le temps, un journal filmé du quotidien de Charles Aznavour par Charles Aznavour qui nous emmène du Canada à l’Arménie. Des histoires d’amours, d’amitiés, et de rire beaucoup. La découverte d’un personnage facétieux au travers de ce qu’il voyait, regardait, montrait.

Réalisé par Marc di Domenico (plus connu comme réalisateur musical pour les BB Brunes, Henri Salvador ou Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra) et raconté par Romain Duris, cette œuvre collective à l’image de la vie du chanteur, et du cinéma qu’il aimait tant

Découverte d’un personnage facétieux au travers
de ce qu’il voyait, regardait, montrait.

Comment Le Regard De Charles que l’on va découvrir en salles le 2 octobre prochain est-il né ?
Mischa Aznavour : Tout a commencé par notre amitié avec Marc Di Domenico… Cela fait 20 ans que l’on se connaît et on avait déjà travaillé sur des projets ensemble, comme l’album d’Henri Salvador. Et puis, il y a 5 ou 6 ans, on a décidé de monter une boite ensemble car on était tout les deux libres de notre temps et de nos engagements. On a alors commencé à travailler sur des projets comme l’album de mon père. Et c’est dans ce cadre que Marc et mon père se sont rapprochés. Ce qui l’a décidé à présenter son travail photographique à Marc. Marc étant très sensible à ces clichés, mon père lui a dit qu’il avait également des pellicules qui trainées quelque part. Et le projet est parti de là. Il [Charles Aznavour] pensait que cela pourrait nous servir, sans avoir pour autant d’idée précise de ce que l’on allai en faire et sans imaginer que lui aussi, finalement, se retrouverai mêlé au dérushage et aux prémices du projet.

Ensuite le film a-t-il été facile à faire ?
Marc : Non, ça n’était pas évident parce qu’il n’y avait pas de précédent autour de Charles Aznavour et que les exploitants de salles et autres investisseurs manquaient de repères. Aujourd’hui, dans le milieu du cinéma même les salles indépendantes et les producteurs indépendants ne prennent plus de risques. Pas comme à l’époque de Georges de Beauregard [producteur de Godard notamment] par exemple, qui partait faire un film sans savoir ce qui allait se passer. Aujourd’hui, c’est fini. Donc on a eu de la chance d’avoir un producteur un peu fou : Charles de Meaux [producteur d’Apitchapong Weerasethakul et réalisateur du Portrait interdit]. Il vient de l’art contemporain ce qui fait qu’il a un autre regard face aux images. Quand il a vu les rushs, il a dit que ça pourrait vraiment faire un film de cinéma. C’était un peu risqué, même si sur le papier ça ne fait pas risqué…

Avant Le Regard de Charles, vous avez réalisé le documentaire « Autobiographie », qui retrace le quotidien de l’artiste pendant 4 ans. Les vouliez-vous complémentaires ?
Marc : Mais moi je ne veux rien, en fait. Ça se fait parce que ça doit se faire. Pendant que je montais, je voulais éviter de retomber dans ce que j’avais déjà fait mais de là à dire que je cherchais une complémentarité… non pas du tout. C’était un nouveau projet qui n’avait rien à voir avec le précédent que j’ai complètement oublié. La réflexion est dans l’objet en lui-même pas dans ce qu’il y a autour.

Le film couvre les années 1948 à 1982. Parce qu’il n’a rien filmé avant ou après ?
Mischa : Non, c’est parce qu’on a fait le choix de se consacrer aux années pellicule. Malgré tout je pense qu’il n’a rien tourné avant. Déjà, en 48, avoir sa propre caméra… Tout le monde n’était pas  ami avec Piaf et ne se voyait pas offrir une caméra comme ça ! Puis après 82, la vidéo est arrivée et il y a sans doute plus d’images en DV et en Vidéo qu’en pellicule. Mais on a pris le parti de rester sur la période pellicule, sur le même matériau de base. On ne sait pas si on montrera la suite plus tard… Pour l’instant ça n’est pas à l’ordre du jour.

Pourquoi avoir choisi Romain Duris pour la narration du film ?
Mischa : C’est moi qui ai choisi Romain Duris. Parce que quand j’avais vu De Battre Mon Cœur s’est arrêté, et que je me suis dit qu’il avait quelque chose de mon père… Il ne lui ressemble pas, mais c’est une personne fine, un peu nerveuse. Il a dans sa manière d’être cet air malicieux, cet œil qui brille…

Est-ce difficile de travailler à partir d’images d’archives ? Et surtout de faire parler des images que l’on n’a pas filmées ?
Marc : Oui c’est un exercice difficile… Je n’avais jamais fait de film d’archives avant. Cela m’a demandé neuf mois de montage avec différents monteurs. La difficulté c’est d’arriver à ce que l’association des différents lieux, des différents thèmes, des différentes personnes soit cohérente. De les relier sans que la narration soit monotone. Donc c’est vraiment particulier. On ne tourne pas avec un scénario en amont. On écrit un scénario à partir de choses déjà tournées. Comment faire que les images se racontent quand on ne choisit ni le cadrage ni les objets filmés. L’idée c’est de percevoir ce qu’il a voulu dire. C’est un travail d’interprétation des images. C’est aussi un dialogue avec Charles, une co-réalisation avec lui, d’où la formule un film « par Charles Aznavour réalisé par Marc Di Domenico ».

  • Aznavour
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