Adults in the Room – Problèmes Budgétaires

Toujours aussi engagé et remonté par la situation économique grecque, Costa-Gavras signe un film à thèse et à charge sur le fonctionnement de l’Europe vérolée par son libéralisme. Décryptage.

Par Theo Bosschaert

Temps de lecture 3 min.

Adults in the Room

Bande-Annonce

Comme dans son précédent film Le Capital, Costa-Gavras s’attaque au système capitaliste avec Adults in the Room. Le réalisateur de Z et l’Aveu, adapte l’autobiographie de de l’éphémère ministre des finances grec, Yánis Varoufákis. Il y aborde ses quelques mois passés aux côtés du premier ministre de gauche Alexis Tsipras comme confident, puis sa croisade contre l’austérité démesurée imposée à tout un pays. En entrant en politique, il découvre le fonctionnement tentaculaire et opaque de l’Europe où les jeux de pouvoir se mêlent à la réalpolitique économico-centrée. L’engagement de l’homme se trouve ainsi vite confrontée à l’animosité des autres pays Européens. Il est tiraillé entre un potentiel grexit ou une austérité encore exacerbée ; la peste ou le choléra. Et ses propositions cartésiennes d’économiste informé tombent dans les oreilles d’hommes d’états sourds.

Le manichéisme maladroit
transpire les convictions
angélistes de son réalisateur

Alors que les scènes en Grèce n’informent que sur les convictions inébranlables de ces politiciens présentés comme des saints, ce sont les séquences de négociations, d’abord protocolaires dans chacun des pays d’Europe, puis au sein même des institutions européennes, qui en disent le plus sur le plus sur le fonctionnement occulte d’un super-état. D’autant que les entretiens ont été soigneusement enregistrés par Varoufákis, attestant d’une vérité inquiétante, presque Kafkaïenne. Malheureusement, tout au long de ses 2 h, le film peine à trouver un rythme. Derrière un manichéisme maladroit où transpirent les convictions angéliques de son réalisateur, il est difficile de percevoir les motivations réelles des grands pays européens et de leurs représentants qui finissent par ressembler à des archétypes façon Docteur Folamour. Alors que les élus grecs sont si drôles, si honnêtes, si intègres…

Le film ose une mise en scène pop inhabituelle pour le réalisateur franco-grec, mais le manque de budget se fait clairement sentir. L’appartement de Varoufákis est réellement l’appartement de Varoufákis. Grand bien lui fasse. Mais quand il s’agit d’incruster des personnages sur un fond de parlement européen ou de faire danser les chiffres, les yeux piquent. Il est difficile de critiquer un film pour sa technique, surtout quand celui-ci est fait avec le cœur et la maitrise d’un éternel Costa-Gavras, 86 ans. Mais lorsque ce problème s’additionne à une maladresse du propos, il devient presque impossible de défendre une œuvre qui pourtant parait si documentée. Mettons donc que la réalité est peut-être si manichéenne quelle semble invraisemblable.

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