Rendez-vous sur les pistes

4 bonnes raisons d’attendre les Arcs Films Festival

Après une année virtuelle, le festival savoyard aura lieu cette année en live, du 11 au 18 décembre. On passe en revue les temps forts de cette édition au programme aussi dense que séduisant, plus européen que jamais.

 

Par Jacques Braunstein

9 décembre 2021

Temps de lecture 5 min

1\ Parce que c’est l’anti-Cannes

On adore la Croisette et son glamour, mais le cinéma au coin du feu avec de la fondue savoyarde et du vin chaud en guise de champagne et de petits fours, ça a son petit charme. Cette ambiance conviviale (qui n’a jamais rêvé de voir un court-métrage dans un igloo ?) n’empêche pas le meilleur du cinéma français de croiser ici le plus inventif du cinéma européen. Les Arcs se veut en effet un carrefour cinéphile à 2000 mètres d’altitude, où l’on montre ses films (plus de 120 issus de toute l’Europe), où l’on réfléchit à l’avenir du secteur (à l’Industry Village et au Sommet, où se rencontrent chaque année 200 professionnels), où les cinéastes de demain peuvent se faire connaître (au Talent Village, qui vise à « promouvoir une nouvelle génération de réalisateurs·trices européen·ne·s audacieux·ses et ambitieux·ses ») et où l’on peut signer des deals (au Village des Coproductions, déjà fort cette année de 18 projets issue de 11 pays). Le tout en doudoune et Moon boots, comme à Sundance !

2\ Parce que la programmation est appétissante

Deux compétitions officielles, l’une dédiée longs-métrages, en lice pour la Flèche de Cristal. L’autre aux courts-métrages, qui met en lumière de nouvelles voix. Au sein de ce menu roboratif, on est particulièrement curieux de découvrir Les leçons persanes, du cinéaste américo-russo-ukrainien Vadim Perelman, qui semble mixer Les Mille et une nuits et La Vie est belle de Roberto Benigni : Nahuel Pérez Biscayart (120 Battements par minute) y joue un prisonnier d’un camp de concentration qui prétend qu’il n’est pas juif, mais persan, si bien que lorsqu’un SS souhaite apprendre le farsi, il doit inventer chaque nuit la langue qu’il lui enseignera le lendemain. Autre impatience : revoir la grande Laure Calamy dans À plein temps, d’Eric Gravel, qui lui donne le rôle d’une femme écartelée entre sa famille à la campagne et son travail dans un palace parisien, alors qu’éclate une grève générale des transports. On se laissera également surprendre par les films présentés dans les sélections Playtime et Hauteur, qui entendent refléter la créativité et la diversité du cinéma européen (on note déjà dans nos agendas la projection de Wild Men, du Danois Thomas Daneskov, l’odyssée apparemment grinçante d’un quadra parti vivre dans les bois comme un chasseur-cueilleur, qui se retrouve aux prises avec des dealers). Quant au Focus Alpin, consacré cette année au cinéma suisse, il devrait rappeler que montagnes helvètes ne sont pas uniquement peuplées de banquiers et de moniteurs de ski. On y verra notamment La Mif, de Fred Baillif, sur le quotidien d’un foyer d’accueil pour adolescentes, et l’on pourra y revoir le très beau L’enfant d’en haut d’Ursula Meier (2012), où Léa Seydoux jouait une mère précaire vivant au pied d’une opulente station de ski.

 

3\ Parce qu’il y aura du beau monde

Les Arcs s’offrent cette année deux invités d’honneur qui incarne chacun à sa manière une certaine idée du cinéma européen. Laurent Cantet, chantre du cinéma social français (Palme d’or 2008 avec Entre les murs) viendra donner une masterclass alors que son prochain film, Arthur Rambo, inspiré de l’affaire Medhi Meklat, sort en salles le 2 février. Et le Belge Matthias Schoenaerts, acteur aussi athlétique que cosmopolite, viendra à la rencontre du public en attendant ses prochaines apparitions dans Canterbury Glass de David O. Russell, The Way Of The Wind de Terrence Malick, et la série Django sur Canal+ – rien que ça. Personnalités fortes également du côté du jury : Michel Hazanavicius présidera celui des longs-métrages, où ferraillerons Eric Judor, Laetitia Dosch, la chanteuse Camille ou encore la Danoise francophile Sidse Babett Knudsen ; celui des courts sera mené par la réalisatrice de Mon Légionnaire Zoé Lang, accompagnée entre autres d’Hugo Becker, Alma Jodorowsky et Christa Théret, qui fera donc une pause dans le tournage de l’excitant Conan La Barbare, de Bertrand Mandico.

 

4\ Parce que le Festival s’engage

Non content d’avoir lieu dans une station de ski pionnière dans la protection de l’environnement (les Arcs œuvre en faveur d’un tourisme alpin responsable depuis les années 70), les Arcs Film Festival se veut également à la pointe de la parité dans le cinéma, via la tenue du Lab « Femmes de cinéma ». Conçu comme un think tank qui travaille toute l’année à faire avancer le schmilblick sur les besoins quantitatifs et qualitatifs de représentation des femmes devant et derrière la caméra, la Lab organisera sur place une masterclass sur le sujet, enregistrera un podcast avec des festivalières occupant divers postes dans les métiers du cinéma, et organisera des ateliers de sensibilisation auprès d’étudiants en cinéma.

Les Arcs Film Festival, du 11 au 18 décembre : www.lesarcs-filmfest.com

Voir aussi

Disponible sur Mubi

Films
19 janvier 2021

Ham on Rye, de Tyler Taormina

Critique

Avec son premier long-métrage, Ham on Rye, le jeune réalisateur américain Tyler Taormina apporte sa pierre à la déconstruction du teen movie, et délivre un propos engagé à travers un…

Disponible sur Netflix

Films
28 janvier 2021

The Dig sur Netflix

Critique

Deuxième film du metteur en scène australien Simon Stone, plus connu pour son travail au théâtre, The Dig est une élégie grandiose, faussement corseté, qui retrace l’histoire vraie d’une découverte…