Parasite

Palme d’Or du Festival de Cannes 2019, le film du sud-coréen
Bong Joon-Ho est une comédie policière aussi réjouissante que virtuose.

Par Jacques Braunstein

Temps de lecture 2 min.

Parasite

Bande Annonce

Se réclamant de Henri-Georges Clouzot et de Claude Chabrol (pas vraiment les deux cinéastes français les plus à la mode) lors de son discours de remerciement, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho a obtenu la Palme d’Or à Cannes avec Parasite. Il s’attache à une famille d’arnaqueurs : le fils se fait engager comme professeur d’anglais de la fille d’une riche famille, puis la séduit. Il recommande sa sœur comme professeur de dessin pour le petit frère. Son père les rejoint comme chauffeur avant que sa mère ne devienne la gouvernante… Chacun prétendant ne connaître qu’à peine les autres. Au début le ton est léger, mais la maison d’architecte qui sert de sublime décor au film recèle un lourd secret qui va gripper leur plan trop bien huilé…

passant avec virtuosité du vaudeville au thriller
et de la comédie de mœurs au drame social

Bong Joon-Ho maîtrise tous les registres, passant avec virtuosité du vaudeville au thriller et de la comédie de mœurs au drame social. Du gag à l’horreur ! Techniquement, on n’est pas loin du film parfait, même si le dispositif se répète un peu sur la fin des plus de deux heures que dure ce long métrage. Il nous semblait que Parasite n’avait qu’un seul vrai défaut : une thématique un peu trop proche de celle d’Une Affaire de famille, la Palme de l’an passé signée par le japonais Hirokazu Kore-Eda. Mais, au contraire, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Et le jury 2019 présidé par le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu (The Revenant) a salué lui aussi ce savant mixte d’un regard acéré sur les différences sociales dans une société de plus en plus duale, et le fait que malgré la nécessité, l’amour circule au sein des familles bien plus généreusement que dans le cinéma social occidental.

Alors que dans son pays le cinéma fête ses 100 ans, le cinéaste sud-coréen décroche la Palme d’Or pour la première fois. Et ce n’est que justice. L’an passé, le très réussi, mais très austère, Burning de Lee Chang-Dong était reparti bredouille. En 2017, le même Bong Joon-Ho, avait été écarté du palmarès avec Okja. Pedro Almodóvar, président du jury, se refusant à primer un film Netflix. Cette année, le coréen lui pique une Palme que tous les journalistes imaginaient lui revenir avec Douleur et Gloire. Ce qui est assez ironique. Citons encore en 2004 et 2009, Park Chan-Wook qui deux fois se contenta d’un prix du jury avec Old Boy et Thirst, ceci est mon sang.

Péché commun à ces longs-métrages ? Ces sont des films de genre que le festival a toujours primé moins volontiers. Ce qu’est également Parasite, qu’on peut aussi bien considérer comme la seconde comédie à obtenir la Palme (après M.A.S.H. en 1970). Nouveau pays, nouveaux styles, nouvelle ère… Cette Palme a fait souffler un vent frais sur le Festival !

  • Parasite
  • Palme d’or
  • Bong Joon-Ho

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