Vampires

Dernière série française Netflix en date, Vampires met un casting
de nouvelles têtes en vogue du cinéma et de la télé hexagonaux dans une histoire
au décorum désuet mais aux enjeux actuels.

Par Perrine Quennesson

Temps de lecture 5 min

Vampires

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Dans un Paris contemporain, les vampires, s’ils ne disent jamais vraiment leur nom, existent bel et bien. Rivalités ancestrales entre clans, hiérarchie, rébellions et coups bas rythment Vampires, nouvelle série Netflix adaptée du roman éponyme inachevé de Thierry Jonquet par le trio de scénaristes Benjamin Dupas, Isaure Pisani-Ferry et Anne Cissé. La recette semble un peu éculée mais ce n’est pas tout à fait un hasard : ces vieilles histoires de famille, ce sont celles que subit et doit transcender la jeune génération. On regrette davantage que les codes de la transgression semblent eux aussi vus et revus. Rapports sexuels ensanglantés façon True Blood, soirée décadente très années 90 où le cuir, le fluorescent, les résilles et l’ambiance partouze sont censés choquer le bourgeois… Le petit côté nineties de l’esthétique de la série, avec son ambiance à la fois familière, juvénile et sensuelle, au croisement des dernières saisons de Buffy et des films de Larry Clark, n’est pas totalement dénué de charme. Mais les clichés ont la peau dure.

Au cœur de l’intrigue : Doïna, 16 ans, née de la rencontre d’une vampire et d’un mortel. Peu à peu, la jeune femme réalise que ce métissage n’est pas une simple particularité, c’est aussi une force. Interprétée par la révélation de Divines Oulaya Amamra, cette héroïne hybride est le principal atout de Vampires. La figure assez classique du personnage découvrant sa superpuissance s’avère particulièrement intéressante dans le contexte de la série. Vampires se partage en effet entre les goules des beaux quartiers du 16e arrondissement, dominantes, manipulatrices et conservatrices, menées par le personnage de Kate Moran (vue dans Un couteau dans le cœur) ; et celles de Belleville, rebelles, passionnées et indépendantes, dirigées par celui de Suzanne Clément (l’égérie de Xavier Dolan). Belleville où grandit justement Doïna, dans ce quartier multiculturel où elle découvre son corps et vit ses premiers émois. Au croisement de l’humain et de la créature de la nuit, son métissage la distingue et la rend meilleure. Véritable ode à la mixité et à l’ouverture, Vampires est plus intéressante lorsqu’elle emprunte ces voies politiques que lorsqu’elle puise dans un folklore vampirique qu’elle ne parvient pas à réinventer.

Vampires n’est pas encore la série parfaite
qui pourrait devenir le patron des suivantes

Avec son casting de jeunes gens hype, qui font preuve d’un bel enthousiasme malgré des rôles un poil caricaturaux, Vampires confirme que la série de genre française a la cote sur Netflix. Après Marianne, Mortel ou encore Osmosis, et en attendant une série à venir sur des zombies pendant Révolution française, les auteurs hexagonaux séduisent la plateforme avec des projets d’horreur et de science-fiction. Plutôt étonnant quand on sait le peu de cas que le cinéma et la télé franco-français font traditionnellement des créations de genre… Mais sur Netflix, où c’est le potentiel international des œuvres, lancées partout et en même temps, qui compte avant tout, l’accueil est beaucoup plus favorable. Car hors de nos frontières, les « French Frayeurs » et autre proposition de genre à la française rencontrent un véritable succès public et critique. Dans cette veine, Vampires n’est pas encore la série parfaite qui pourrait devenir le patron des suivantes. Mais elle reste une tentative captivante d’ouvrir une brèche pour ce type d’histoires dans le paysage français.

Le 20 mars sur Netflix

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