Clipanorama #11
Chaque semaine, on vous propose une sélection des clips les plus cinématographiques du moment.
Par Quentin Moyon & Valentine Bounaud
Temps de lecture 10 min.
Petit Biscuit, I Leave Again
Mehdi Benjelloun, DJ de tout juste 20 ans mieux connu sous le nom de Petit Biscuit, est de retour avec I Leave Again, qu’il a produit en collaboration avec Shallou. Fidèle à ses mélodies électro douces, Petit Biscuit dévoile dans ce titre un engagement écologique fort, illustré par le clip, réalisé en collaboration avec le DA Quentin Deronzier, son collaborateur visuel de longue date. Ensemble, ils donnent vie à l’expression « notre maison est en feu » en posant une maison transparente rongée par les flammes au milieu des plus beaux paysages urbains et ruraux du monde, majoritairement filmés à l’aide d’un drone. Si le clip semble alarmiste, Petit Biscuit précise que cette chanson vise aussi à devenir l’hymne d’un nouveau départ.
slowthai, BB (BodyBag)
Figure centrale de la grime anglaise, rap brutal, sauvage et jusqu’au-boutiste, Tyron Kaymone Frampto aka slowthai fascine autant qu’il révolte. Sorti en 2019, son premier album, Nothing Great About Britain, était un pur condensé de son style acerbe et de ses rimes manifeste. Son nouveau single, BB (BODYBAG), produit en collaboration avec Dominic Marker et James Blake, confirme son pouvoir d’attraction. Un morceau plus posé mais toujours fiévreux, accompagné d’un clip esthétique et glauque à souhait, signé de la main experte de THE REST, binôme de réalisateurs anglais spécialisés dans la culture rap anglaise. On y voit slowthai lui-même s’infliger les pires traitements possibles, du récurage de toilettes à de l’arrachage de dent, en passant par l’explosion de cervelle au gros calibre. Tout un programme !
Juicy, I’m The One
Jeune duo de musiciennes et chanteuses bruxelloises mixant électro et R’N’B, Juicy lâche un clip on ne peut plus sombre pour rythmer les beats cinglants de son morceau I’m The One. Animé à la Gorillaz par l’artiste visuel Theo Eifrig, la vidéo nous plonge dans les méandres de la relation toxique intriquant music business et réseaux sociaux. Le clip critique le public anonymisé derrière son écran à la recherche de contenus toujours plus choquants pour booster sa dopamine ; le manager amoral et cupide à l’ambition exacerbé, prêt à céder à tous les caprices d’une audience dictatoriale ; et les artistes-esclaves acceptant leur condition pour un semblant de célébrité. Pour être « The One », il faudrait donc abandonner tout respect de soi et se lover dans les lois du marché… Une bien triste perspective.
Luidji, Palace Mafia
Révélé par l’album Tristesse Business il y a quatre ans, le rappeur parisien Luidji sort peu à peu de sa torpeur avec un nouveau titre, Palace Mafia, dans la suite du morceau Foufoune Palace qui marqué ses débuts. La place de sa « mafia » de potes est toujours centrale, mais le ton a changé, comme le prouvent les paroles mais aussi les images du clip, réalisé par Remimedi. Dans un noir et blanc à la fois lumineux et nostalgique, qui tranche avec les couleurs sombres et le cynisme ambiant du clip de Foufoune Palace, cette nouvelle vidéo met en avant le mode de vie sain que le rappeur semble avoir adopté, ainsi que l’amour et la fraternité qui lui ont permis de « revenir de tellement loin ». Le clip s’autorise même des arrêts sur images en forme de best of de ses meilleurs moments d’amitié. Chaleur, gratitude et épanouissement : trois mots qui font du bien dans un rap game souvent plus dur.
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