Avia

Visual Composer

Pierre Aviat, dit Avia, est le compositeur de la musique de Carnivores, le film de Jeremie et Yannick Renier… Une bande originale électro qui renforce l’ambiance oppressante de ce thriller psychologique. Quatre questions à un architecte du son.

Temps de lecture 4min

Par Jacques Braunstein

La musique de Carnivore se révèle électronique et noire, elle tranche avec les B.O. habituelles du cinéma français.
Dès que j’ai commencé à discuter de Carnivores avec Jeremie et Yannick Renier, ils ont évoqué des films de genre à la B.O. très particulière. It follows, un film d’horreur américain dont la musique est signée Disasterpeace, Morse un film de vampire suédois mis en musique par Johan Söderqvist. Pour Carnivores, ils étaient d’accord pour que je me jette là dedans. Alors que dans le cinéma français, les réalisateurs imaginent souvent une petite guitare gentille. Du coup, j’ai pu tout de suite sortir mon synthé. Et d’ailleurs quand j’ai vu le film ils l’avaient illustré avec des morceaux tirés de la série Stranger Things (Netflix) ou du film de SF avec Scarlett Joanhsson Under The Skin… Ça voulait dire : « On y va ! »

Votre formation d’ingénieur du son, mixeur et bruiteur à l’école Louis Lumière a-t-elle une influence sur votre travail de compositeur ?
Ça peut jouer. Dans la seconde partie de Carnivores la musique devient flippante, on est à la limite du sound-design, la touche de fond n’est pas très musicale, le rapport à l’image est central. Il y a beaucoup de couches de bruits, même si ça ne s’entend pas forcément.

Aujourd’hui on peut composer une musique électronique pour un film sans que ça passe pour une bizarrerie. C’est quelque chose de nouveau ?
Dans les années 80, il y avait beaucoup d’électro dans les musiques de films, presque trop. Récemment, j’ai revu Sexe, Mensonges et Vidéo de Steven Soderbergh qui a une musique très particulière, faite de nappes de synthétiseurs. Elle est signée Cliff Martinez qui, aujourd’hui encore, compose les musiques de ses films. Ensuite il y a eu un mouvement de balancier, puis j’ai participé au retour de la musique électronique au cinéma. Mais c’est surtout Drive de Nicolas Winding Refn,et le morceau de Kavinsky dans le générique, qui ont changé la donne.

Vous avez sorti un maxi en 1999, un album en 2002, travaillé avec l’écrivain Olivia Rosenthal ou l’artiste Xavier Veilhan et même écrit la musique de trois pièces de théâtre. Pourquoi passer ainsi d’un art à l’autre ?
J’ai du mal à dire que je suis compositeur de musique de films, ça m’ennuie de ne faire qu’un seul truc. C’est avant tout une question liée au hasard et aux rencontres. Les plages musicales de mon premier album ont parlé à des réalisateurs (comme Denys Arcand pour lequel il a composé la musique des Invasions Barbares NDR)Et puis pendant cinq ou six ans je me suis éloigné du cinéma, j’ai fait d’autres choses. Mais je ne pense pas non plus que j’aurais aimé être un producteur d’électro qui enchaîne des sets de DJ à travers le monde. Faire plusieurs choses me convient.

Voir également l’interview de Jeremie et Yannick Renier.

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