Vernon Subutex

Série mythique ?

Série. Subutex à la télé, c’est de la bonne !
Le roman de Virginie Despentes devient une minisérie en neuf épisodes réalisée par Cathy Vernet. Interview.

Texte et interview Caroline Veunac

Temps de lecture 3 min.

Vernon Subutex

de Cathy Vernet

Interview de Cathy Vernet

Un disquaire qui a fermé boutique, a été mis à la porte de chez lui, squatte d’un appart à l’autre et rallume chez ses anciens potes résignés ou vendus le souvenir de leur liberté d’antan. L’histoire, on la connaît. Pour se l’approprier, la série fait (presque) tous les bons choix. À commencer par celui d’être écrite par Cathy Verney, autrice de comédies sociétales (Hard, Fais pas ci, fais pas ça) de la même génération que Despentes, et donc capable de saisir la truculence, et la mélancolie de cette chronique d’une contre-culture digérée par l’ultra-libéralisme. Des épisodes de 30 mn auraient pu sembler trop serrés. Dans les faits, ce format propice à la « dramédie » restitue à merveille la manière dont le roman chapitre son portrait de groupe, avec pour fil rouge l’errance de Subutex, d’une vieille connaissance à l’autre. Regrettons juste que Vernon Subutex soit un peu court : la minisérie, qui synthétise en neuf épisodes les deux premiers tomes du livre (le troisième ayant été publié ultérieurement au début de l’écriture), donne l’impression, sur la fin, de se plier en quatre pour boucler à tout prix un récit qui aurait mérité une deuxième saison.

Comme le roman,
la série en fait un élément
structurant du récit

C’est d’autant plus vrai que le cast est électrisant. Pour incarner Vernon et les autres sans être en dessous des projections imaginaires des lecteurs du livre, la série fait des choix aventureux (la chanteuse Fishbach, étonnante Anaïs), judicieux (Philippe Rebbot dans la peau de Xavier), lumineux (Céline Sallette, son regard de tueuse et sa classe androgyne dans celui de La Hyène)… Et même miraculeux, lorsqu’elle donne à Vernon Subutex la gueule de Romain Duris. Vingt-cinq ans après Le Péril Jeune, l’acteur vieilli avec nous, a juste besoin de déambuler dans une rue qu’on devine de l’Est parisien, de sa démarche juvénile et avec son beau visage marqué, pour être le corps même des idéaux perdus. Mais Duris ne fait pas que porter sur lui des fantômes : jouant Subutex avec une conviction sidérante, il livre une de ses prestations le plus habitées.

Et puis il y a la musique. Comme le roman, la série en fait un élément structurant du récit (voir notre interview vidéo de Matthieu Sibony ).

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