The White Lotus sur OCS

Cocon de riches

Il n’y a pas que Cannes dans la vie ! Pendant que le Festival de cinéma bat son plein, le petit monde surpeuplé des séries continue de tourner. Nouveauté du jour : The White Lotus, dernière-née de Mike White, le créateur d’Enlightened. Direction Hawaï, pour une satire pas assez méchante sur la dure vie des privilégiés. 

 

Par Juliette Cordesse et Caroline Veunac

8 juillet 2021
Temps de lecture 5 min

The White Lotus

Bande-Annonce

Mer bleue, sable chaud et cocktails hors de prix : c’est le programme alléchant de The White Lotus, la nouvelle minisérie de Mike White. Mais le créateur de la douce-amère Enlightened, qui mettait en scène Laura Dern dans la peau d’une femme autodestructrice, n’est pas du genre à se vautrer dans la frivolité. Si le décor hawaïen de la série évoque le luxe et la volupté, la photographie trop saturée installe tout de suite une atmosphère plus grinçante. Et dès l’entrée en scène de la ribambelle de personnages que l’on suivra durant six épisodes, les résidents d’un hôtel tous plus riches et blancs les uns que les autres, on comprend que la satire sociale n’est pas loin. Ces six jours de vacances seront en effet l’occasion d’assister à diverses manières d’exploser en vol. Un couple en pleine lune de miel, une famille avec enfants, une femme seule venue disperser les cendres de sa mère dans l’océan… Tous vont voir leurs confort mental se fissurer. Chaque épisode commence au matin et se termine au coucher du soleil, et chaque nouveau réveil est plus difficile que le précédent. Y compris pour Armon, le manager de l’hôtel, qui doit gérer tous ces clients éreintants et commence à prendre des cachets pour tenir le coup.

La série parvient à saisir un décalage qu’on soupçonne mal à moins de pouvoir l’expérimenter directement, celui qui sépare les très riches du reste de l’humanité. L’exceptionnalité des vacances, par exemple, ne semble pas avoir de sens pour ces personnages : pourquoi s’extasier sur le temps libre, les suites immenses, la nourriture gastronomique et les piscines turquoise, quand ces plaisirs rares sont des habitudes ? Ainsi les intrigues tournent-elles autour de problèmes minuscules qui, à l’intérieur de la bulle, prennent soudain des dimensions énormes. Et l’écriture souligne l’artificialité de ce rapport aux choses. Plutôt que d’aller profiter de l’océan à portée de main, on préfère les transats au bord de la piscine. Très vite, The White Lotus apparaît comme une ville autonome, loin du monde, un lieu où les priorités ont changé, où avoir un problème de bande passante pour une conférence Zoom avec la Chine est plus grave que le poignet foulé d’une jeune fille.

« la série alterne entre observations subtiles et portraits caricaturaux. »

Malgré la pertinence de son propos, The White Lotus rate un peu sa cible en termes de ton. La série voudrait nous faire rire en pointant le ridicule des privilégiés, mais la gêne et l’aversion que l’on éprouve à leur égard l’emporte, et nous empêche de trouver ça drôle. Au point qu’on se demande par instant si la volonté des scénaristes, qui alterne entre réserve et excès, était véritablement de dénoncer… De qui se moque-t-on vraiment ? À quoi sert de créer deux personnages d’adolescentes, seules conscientes de leur privilèges, si c’est pour ne jamais leur donner raison ? L’humour noir est mal géré, et la série alterne entre observations subtiles et portraits caricaturaux. Mike White aurait peut-être dû réduire sa galerie de personnages pour explorer chaque personnalité plus en profondeur. Reste la joie de retrouver la fabuleuse Connie Britton de Friday Night Lights, qui brille ici dans un rôle de femme d’affaires persuadée d’être supérieure à tout le monde. On l’aime quand même.

The White Lotus est disponible sur OCS à partir du 11 juillet

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