La Flamme
Pour le meilleur et pour le pire

Jonathan Cohen joue un « bachelor » con comme ses pieds dans La Flamme, parodie de télé-réalité adaptée de la série U.S. produite par Ben Stiller Burning Love. À mourir de rire, parfois lourde, globalement très réjouissante : avant-goût des hauts et des bas de cette version française, à découvrir ce soir sur Canal+.

Par Caroline Veunac

Temps de lecture 5 min.

La Flamme

Bande-annonce

ON ADORE : JONATHAN COHEN

Déjà à donf en dealer improvisé dans Family Business, Jonathan Cohen ne manifeste aucune déperdition d’énergie dans La Flamme. Véritable machine de guerre comique, l’acteur-mitraillette à vannes incarne ici Marc, pilote de ligne à la recherche de l’âme sœur dans une émission type The Bachelor. Un con fier de lui à peine plus caricatural que les vrais célibataires de télé-réalité, qui dissimule (mal) son égocentrisme, son matérialisme et son sexisme derrière de grandes approximations pseudo-philosophiques. Co-auteur du script avec son acolyte de Serge Le Mytho Jérémie Galan et Florent Bernard, Jonathan Cohen se gargarise de ses propres vannes et tape des impros cohéniennes en diable, qui érigent le ridicule en art de vivre et nous font mourir de rire. Il est épuisant, mais c’est bon pour muscler les zygomatiques.

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ON AIME MOINS : LE FOND DE CYNISME

Détestable et faussement altruiste, le bachelor l’était déjà dans Burning Love. Mais la série originale, produite par Ben Stiller et interprétée par l’excellent Ken Marino, forçait plus sur la bêtise, et moins sur la méchanceté. Plus cruelle, La Flamme laisse peu de place à ses personnages pour laisser filtrer ne serait-ce qu’un petit rayon d’humanité. Marionnettes parodiques sans la moindre épaisseur, Marc et ses prétendantes sont quelque peu sacrifiés sur l’autel de la déconne et du second degré, au détriment de l’attachement que l’on pourrait éventuellement ressentir pour eux. Le risque : que le rire, à la longue, paraisse un peu vain.

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ON ADORE : LE ALL-STAR CAST

La preuve que Jonathan Cohen est irrésistible : pour jouer les prétendantes de Marc, il a réussi à convaincre la quasi-totalité des jeunes stars féminines françaises, qui se prêtent au jeu avec un enthousiasme communicatif. Le plus fort, c’est que ce casting de dingue révèle le talent comique d’actrices qui ne s’étaient pas forcément exprimées dans ce registre jusque-là. Les championnes de l’humour comme Florence Foresti, qui campe une candidate aveugle, ou Camille Chamoux, anthologique dans le rôle de Chataléré (on vous laisse imaginer), font le job à la perfection. Mais à leurs côtés, Adèle Exarchopoulos et son personnage au cœur de singe (« ouh, ouh ! »), Céline Salette en SDF à la recherche d’un repas gratis, Ana Girardot en fille idéale paradoxalement devenue le bouc-émissaire de Marc, et Leïla Bekhti (géniale) en psychopathe ultra-possessive, sont tout aussi hilarantes. Côté garçons, Vincent Dedienne fait mouche en présentateur faux-cul, mais on avoue un faible pour Pierre Niney, particulièrement poilant dans la peau du docteur Juiphe, inénarrable perso de psy-charlatan, qui a trouvé son diplôme dans une pochette surprise.

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ON AIME MOINS : LA NARRATION QUI TIRE EN LONGUEUR

Burning Love misait sur des épisodes de 10 minutes, à la façon d’une short-com allongée. En optant plus classiquement pour du 26 minutes, La Flamme prend le risque de la dilution d’un argument somme toute assez mince. Jonathan Cohen et ses co-auteurs ne manquent pas d’idées, mais certaines auraient été plus efficaces sur une durée plus courte, et la multiplication des gags fait prendre le risque d’en rater un sur deux, ou de voir une blague bonne au demeurant devenir trop insistante (comme l’hyper-émotivité du personnage de Dora Tillier, excellente dans un rôle vraiment trop répétitif). Exemple parmi d’autres : si l’on adore l’invention de la Jean-Guile, une fête nationale fictive dont Marc n’a jamais entendu parler et qui fait l’objet d’un épisode, on est moins friand du running gag sur « la vieille » (une candidate de plus de 70 ans). Résultat : au bout de cinq épisodes, la série, qui en fait 9, montre des signes d’essoufflement, alors que le départ progressif des prétendantes éconduites cassent peu à peu l’ambiance frénétique du début. À l’inverse, avec son format court à picorer, Burning Love tenait le coup sans faiblir pendant 14 épisodes. Comme quoi la taille, mon petit Marc, ça compte quand même un peu.

La Flamme, à partir du 12 octobre sur Canal+

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