Betty

Seulement un an après avoir réalisé le film Skate Kitchen, Crystal Moselle renoue
avec sa bande de skateuses dans une minisérie, pour de nouvelles
déambulations new-yorkaises… Rien de nouveau sous le soleil !

Par Quentin Moyon

Temps de lecture 5 min

Betty

Bande Annonce

Betty, c’est l’histoire de jeunes filles issues de réalités et de milieux sociaux différents, qui vivent des vies parallèles entre les buildings de New York. Mais Camille, Honeybear ou encore Kirt, Indigo et Janay partagent une passion qui les rapproche : le skateboard. Dans ce prolongement en six épisodes de son film Skate Kitchen, la créatrice Crystal Moselle nous invite à chausser les sneakers de cette bande de filles en révolte, à l’image de leur temps, pour plonger dans un récit chorale initiatique au féminin.

Le thème de l’égalité des genres dans le monde si masculin du skate, déjà prégnant dans Skate Kitchen, occupe là encore une place importante. Mais Crystal Moselle et ses scénaristes – à 99% des femmes – explorent d’autres thématiques : l’émergence de la sexualité, les violences faites aux femmes et le mouvement #Metoo… Cet ancrage féministe est notamment illustré par le dernier épisode, dans lequel une quarantaine de filles se regroupent pour envahir un skate park, royaume de la gent masculine. Avec son titre, Ladies on fire, ce final fait un clin d’œil au Portrait de la jeune fille en feu, le dernier film de Céline Sciamma. Sororité, quand tu nous tient !

« on finit par questionner l’intérêt de décliner
un film qui semblait se suffire à lui-même. »

Thématiquement et formellement, les influences vont plutôt chercher du côté de Larry Clark, qui a fait du récit du quotidien des Kids américains sa marque de fabrique. Casquettes, streetwear, hip hop et électro sur les ondes… Les héroïnes de Betty semblent tout droit sorties de The Smell of Us : cool et tendance en extérieur, humaines et pleines de faille à l’intérieur. Enfin du Larry Clark aseptisé… Ici, la violence physique et verbale, le sexe et les drogues foisonnent, mais restent le plus souvent suggérés. Et quand ils sont représentés à l’écran, c’est avec un certain détachement, comme des actes sans importance… Face à ce manque d’intensité et d’enjeux, on finit par questionner l’intérêt de décliner un film qui semblait se suffire à lui-même. Les plus indulgents se rattraperont sur le plaisir de sillonner l’underground new-yorkais, mis en valeur par la mise en scène esthétisante de Crystal Moselle et rythmé par une playlist urbaine de feu. C’est déjà ça.

Le 2 mai sur OCS

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