L’ordre des medecins

Le désordre de la vie

Film. Jérémie Renier est à l’affiche de l’Ordre des médecins, premier film intime et sensible dans le milieu hospitalier signé David Roux. Interview à l’occasion des Arcs Film Festival où le long-métrage était présenté.

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Par Franck Lebraly

On ne compte plus les séries américaines à succès ou le personnel hospitalier déambule en crocs sous des néons glacés, avec une radio du péroné à la main. Pourtant l’univers médical est moins présent dans la fiction européenne. Même si Thomas Lilti a un peu changé la donne avec Hippocrate notamment, dont la version série à débarqué sur Canal + fin 2018. De fait, le sujet se révèle toujours riche à traiter : les malades, le personnel hospitalier, la famille… ce subtil mélange de classes sociales évoluant dans un univers aseptisé tout en cherchant à masquer, à force de protocole et de surfaces blanches, la mort qui plane à tout instant.

“Ne tombant jamais dans le mélo, la réalisation de David Roux nous offre une ballade immersive dans le ventre de l’hôpital.”

Quoi de plus cinématographique, comme le démontre L’ordre des médecins dès son dilemme inaugural. Simon, pneumologue à l’hôpital, voit sa mère débarquer dans le service voisin du sien. Doit-il se comporter comme le médecin, ou comme le fils… Arrivera-t-il a la sauver ? Et est-ce souhaitable qu’il s’y emploie alors qu’elle dispose de médecins plus spécialistes que lui. Choix cornélien, alors que depuis des années le boulot de Simon a pris le pas sur sa vie privée, sur ces failles intimes qui viennent aujourd’hui le hanter sur son lieu de travail. Comme l’indique le titre, il doit quitter l’ordre des médecin pour accepter le désordre de sa vie.

Jérémie Renier (Cloclo, Saint Laurent, L’enfant…) fait face à une actrice de légende, Marthe Keller (Marathon Man, Fedora, les Ogres…) en mère philosophe et satisfaite de sa vie passée. Ils sont entouré de seconds rôle très justes : Zita Hanrot, interne éprise de lui, Maude Wyler, sœur en plein divorce ou Fred Epaud en infirmier fumeur de pétards, tous remarquables par la sobriété de leurs jeux.

Ne tombant jamais dans le mélo, la réalisation de David Roux nous offre une ballade immersive dans le ventre de l’hôpital. Lui-même issu d’une famille de chirurgien, il connait bien son sujet. Et entre docu et fiction, fait du spectateur un témoin clé empathique et jamais un otage. Mélange de tristesse et d’émotions, L’ordre des médecins, au delà de sa fidèle retranscription des us et coutumes de l’hôpital met en lumière le langage universel de l’amour et des liens du sang. A prescrire !

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