Charade

Hepburn, baby, burn

Cult. Reprise de Charade, une comédie policière sixties et pop, ode à la beauté d’Audrey Hepburn.  

Temps de lecture 5min

Par Jacques Braunstein

Ancienne ballerine, Audrey Hepburn tranchait sur des actrices de son temps. Roger Vadim aurait aimé la faire tourner avant de jeter son dévolu sur Brigitte Bardot. Truman Capote n’était guère favorable à ce qu’elle incarne Holly Golightly dans Diamants sur canapé, lui qui avait imaginé le personnage en s’inspirant de Marilyn Monroe.

“elle arrêtera de tourner, considérée comme l’une des trois plus grandes actrices d’Hollywood.”

Brune aux cheveux courts et aux yeux sombres, grande (1,70 m) et filiforme… le physique de l’actrice britannique est aux antipodes des canons de l’époque. Elle ressemble plus à Charlotte Rampling ou à Kate Moss qu’aux pin-up de sa génération.

Paradoxe, dans ses films c’est le plus souvent un homme de 20 ans son ainé (au bas mot) qui succombe à son charme. Comme si seul un partenaire plus mature pouvait déceler le potentiel érotique de son physique androgyne. Une idée curieuse vue d’aujourd’hui, qui semblait couler de source à l’époque. On l’a ainsi vu dans les bras de Gregory Peck (Vacances Romaines), Humphrey Bogart (Sabrina), Fred Astaire (Drôle de Frimousse), Gary Cooper (Ariane) ou Rex Harrison (My Fair Lady)… Et donc, de Cary Grant dans Charade, qui demeure sans doute le moins daté de ces films. Sortie en 1963 comme Le Mépris et Bons baisés de Russie, avec lesquels il partage des couleurs pop et acidulées, il se déroule dans un Paris mythifié (les bateaux mouches, le marché aux timbres…). L’acteur fétiche d’Hitchcock est au sommet de son élégance ambiguë (lorsqu’il se douche en costume, notamment). Les méchants ont l’air vraiment méchant (James Coburn en tête). Et la beauté d’Hepburn est magnifiée par les toilettes d’Hubert de Givenchy dont elle est la muse.

Mais, surtout, Charade est signé Stanley Donen, réalisateur de Chantons sous la pluie et de Drôle de frimousse, qui transforme cette fantaisie policière en un ballet chorégraphié à l’élégance intemporelle… Donen retrouvera d’ailleurs Hepburn trois ans plus tard pour Voyage à deux, une comédie du mariage un peu oubliée. Cette fois, il lui donne pour partenaire Albert Finney, de 7 ans son cadet… En 1967, la révolution des sixties est en marche. Ensuite, elle arrêtera pratiquement de tourner, n’ayant plus rien à prouver puisqu’elle est considérée comme l’une des trois plus grandes actrices d’Hollywood.

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