En liberté

Enfermé dehors

Film. La nouvelle comédie du maître français du genre, Pierre Salvadori, a reçu le grand prix de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Présentation.

Temps de lecture 3min

 Par Jacques Braunstein

En Liberté ! commence comme un bon gros film d’action américain, appartement de dealers pris d’assaut, gunfights et cascade… Mais c’est une fausse piste, Yvonne (Adèle Haenel), femme flic, raconte à son fils les exploits son père (Vincent Elbaz), tué en opération. Jusqu’au jour où elle découvre que la réalité est moins reluisante, son mari état un ripoux. Il a fait porter le chapeau à un innocent : Antoine (Pio Marmaï), qui va bientôt sortir de prison. Enivré par sa liberté, et excédé de se savoir victime d’une machination, il pète les plombs : bagarre, incendie volontaire, braquage… Il sera bien difficile pour Yvonne de l’empêcher de retourner derrière les barreaux.

En Liberté ! a remporté le Prix SACD de la Quinzaine des réalisateur à Cannes cette année

Pierre Salvadori est peut-être le meilleur réalisateur français de comédie actuel. De Cible émouvante (1993), avec Marie Trintignant, à Hors de Prix (2006), avec Audrey Tautou, en passant Les Apprentis (1995), avec Guillaume Depardieu, il a développé un style pile à mi-chemin entre la comédie grand public, marrante mais pas toujours fine, et le cinéma d’auteur qui fait sourire, mais en coin tout au plus. En Liberté ! a d’ailleurs remporté le Prix SACD de la Quinzaine des réalisateur à Cannes cette année, sorte de Palme d’Or de la manifestation (avec un nom plus compliqué).

Salvadori maîtrise tous les domaines de la comédie, du vaudeville aux gags visuels, et du screwball au slapstick (comme dirait les critiques les plus pointus). Antoine qui fume avec un sac en plastique sur la tête, où se retrouve à faire un braquage en tenue SM, les scènes aussi improbables que brillantes se succèdent et démontrent le savoir faire du réalisateur. Trop peut-être ? La question se pose, car c’est lorsqu’il montre la tendresse toute simple que Salvadori est le meilleur. Pio Marmaï qui retrouve sa femme (Audrey Tautou) à sa sortie de prison. Le regard de Damien Bonnard sur sa collègue, Adèle Haenel dont il est secrètement amoureux… La virtuosité du film lui a peut-être value son Prix, mais c’est son charme qui le rend précieux.

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