Marie Madeleine

L’évangile selon le Pape François ?

Film. Une Marie Madeleine en lutte contre le patriarcat, des apôtres de toutes les couleurs, un Jésus qui parle comme un psychanalyste… Peut-on faire un bon film avec les bons sentiments de son temps ?

Temps de lecture 3min

Par Jacques Braunstein

Le nouveau couple glamour du cinéma américain haut de gamme.

Rooney Marra et Joaquin Phoenix incarnent Marie Madeleine et Jésus (ils sont également à l’affiche de Don’t worry, he won’t get far on foot qui sort la semaine suivante).

Une star britannique, Chiwetel Ejiofor (Oscar du meilleur acteur pour 12 Years a Slave), campe un Saint Pierre noir inédit et une dream team d’acteurs français exigeants : Denis Ménochet, Tchéky Karyo, Arianne Labed et Tahar Rahim, complètent la distribution du film de Garth Davis. Un réalisateur australien découvert avec Lion, tire larme sur le parcours d’un orphelin indien étrangement moins gênant que son pitch ne le laissait penser.

“On voit la lumière ! C’était le but, et c’est réussi.”

La Dernière Tentation du Christ se voulait subversive, La Passion du Christ de Mel Gibson se révélait réac, voir antisémite. Alors que Marie Madeleine, c’est l’évangile selon le Pape François… La version ciné du Royaume d’Emmanuel Carrère mâtinée d’une vision antiraciste de féministe. Non, Marie Madeleine n’était pas une prostituée mais « l’apôtre des apôtres » comme l’a récemment affirmé le Vatican. Oui, Dieu est amour et le message du Christ c’est le pardon… Tout cela pourrait être un peu lénifiant sans des acteurs prodigieusement habités et une mise scène élégante et discrète. Les décors et costumes minimalistes, voire austères, évoquent le cinéma des années 70. On pense au Messie de Rossellini à Jésus de Nazareth de Zeffirelli, et même à Monty Python, La vie de Brian (sur ce plan du moins).

Dans Marie Madeleine, on voit la lumière ! C’était le but, et c’est réussi. À la projection de presse on s’étonnait de croiser un prêtre. À la sortie, il avait l’air content.

Petit bémol : le Chemin de croix et la Crucifixion qui semblent vouloir égaler le gore du film de Mel Gibson, n’ajoutent pas grand chose à un film autrement plus spirituel.

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