Clipanorama #3
Chaque semaine, on vous propose une sélection des clips les plus cinématographiques du moment.
Par Quentin Moyon & Valentine Bounaud
Temps de lecture 10 min.
Yaeji, Waking Up Down
Figure montante des raves de Brooklyn, la productrice américano-coréenne Yaeji illustre l’electro lounge de Waking Up Down avec un clip inspiré des mangas Shonen comme Dragon Ball Z ou Naruto. Réalisé par Annie Xing Zhao, la vidéo nous invite à suivre le voyage initiatique d’une jeune fille et de son fidèle compagnon canin, qui s’essayent à diverses pratiques pour résoudre un sérieux problème de réveil. L’animation est naïve et enjouée, douce et dynamique… En parfait accord avec l’étonnante tranquillité qui émane des beats de Yaeji.
Vladimir Cauchemar & JP THE WAVY, Born Winner
On reste dans le fantasme japonaisant, mais côté sombre, plus yakuzas hip hop que gentil Totoro. Réalisé par Ashken, le clip de Born Winner nous entraîne dans la nuit tokyoïte où JP THE WAVY vadrouille avec son crew, entre façades au néon et incrustes numériques qui brouillent la frontière entre le bitume et les autoroutes virtuelles. Les masque tête de mort, signature de Vladimir Cauchemar, viennent couronner l’ambiance de ce clip noctambule pas franchement rassurant.
Annie Burnell, All is Reborn
L’Australienne Annie Burnell a visiblement lu Françoise Sagan et regardé les films d’Eric Rohmer et de Sofia Coppola. Réalisé par Antoine Henault, le clip de son dernier morceau, All is Reborn, balade folk mélancolique, évoque l’ennui d’une jeune fille bourgeoise en vacances au bord de la mer. Ce petit conte d’été élégamment déprimé, looké sixties, rappelle un autre clip, celui de Howl, d’Alexandra Savior, le style Nouvelle Vague en plus. Mais Antoine Henault est également photographe, et la composition de ses plans, très construite, presque picturale, rappelle aussi certaines images de Martin Parr. Une jolie parenthèse musicale à la croisée des arts.
Lous and the Yakuza, Solo
On croit d’abord que le « solo » martelé par la rappeuse belge de 23 ans évoque l’individualisme de nos sociétés modernes. Mais lorsque la chanteuse parle de 1960, l’année de l’indépendance, il devient évident qu’elle fait référence au pays de ses origines, le Congo, à l’isolement de l’Afrique sur la scène internationale, et au racisme dont sont victime les Noirs en général. Le choix scénographique du duo de réalisateurs Wendy Morgan et Kevin Bago, qui voit Lous danser dans une pièce fermée, filmée par des plans souvent très rapprochés, illustre parfaitement le thème de la solitude, déjà présent dans son morceau Dilemme. Et sa tenue rouge ? Une évocation du sang coulé sous le joug du colonialisme, et de celui de la vengeance que la chanteuse essaye de contenir.
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