The Politician (saison 2)
À boulets rouges
À peine a-t-on terminé Hollywood, qui démontait en règle l’industrie du cinéma,
que revoilà Ryan Murphy avec la suite de The Politician, son démontage en règle
des campagnes électorales américaines. Une saison 2 encore plus cruelle.
Par Quentin Moyon
Temps de lecture 5 min
Après une première saison consacrée à briguer la présidence du conseil du lycée, on retrouve Payton Hobart (Ben Platt) où on l’avait laissé : aux portes d’une campagne pour devenir sénateur. Cette fois, son ambition (et celle de sa mère Georgina, campée par Gwyneth Paltrow) ne sera satisfaite que lorsqu’il se sera emparé du siège auquel est vissée depuis 25 ans Dede Standish (Judith Light), leader de la majorité à la chambre haute, secondée par sa chef de cabinet Hadassah Gold (Bette Midler). Très admirée par la génération des « boomers », face à une jeunesse amorphe et déconnectée de la vie politique traditionnelle, la vétérane ne doute pas une seule seconde de sa réélection. Pour la contrecarrer, le jeune requin forme une équipe où cohabitent ses fidèles de toujours et quelques-uns de ses anciens ennemis, et comprend très vite quel devra être son cheval de bataille : l’écologie, sujet idéal pour rallier la génération Y. C’est le début d’une bataille politique durant laquelle tous les coups sont permis.

« une critique au vitriol des élites qui ne cessent de décevoir »
Toujours pop, toujours lumineuse, toujours très Murphy – jusque dans son amour de l’inordinaire et du soap à outrance (reflété ici par la récurrence des triangles amoureux), The Politician est aussi, cette saison, beaucoup plus sombre. Priorité au cynisme façon House of Cards, quitte à laisser certains personnages de la saison 1 sur le bord de la route, comme celui d’Infinity, la protectrice de l’environnement rescapée du syndrome de Munchhausen par procuration, jouée par Zoey Deutch. La narration se recentre sur les membres des deux équipes de campagne rivales pour mieux révéler les dessous corrosifs des jeux de pouvoir et mettre en évidence le fossé générationnel qui les sépare, entre baby-boomers épris de croissance économique et millenials portés sur les enjeux climatiques.
Pourtant, sous la plume acerbe de Ryan Murphy et de son complice Brad Falchuk, tout le monde se retrouve finalement dans le même sac : l’instrumentalisation des valeurs à des fins électoralistes, que ce soit le green washing de Payton et ses partisans, ou la révocation des normes sexuelles traditionnelles dans le clan Standish. À la clé : une critique au vitriol des élites qui ne cessent de décevoir des citoyens de plus en plus défiants, et de s’auto-détruire à force de vendre leur âme. C’est le paradoxe : plus The Politician fictionnalise à outrance, plus ça ressemble à la triste réalité.
The Politician saison 2, à partir du 19 juin sur Netflix
Voir aussi