The Boys – Super zéros

Série de super-héros pop trash et grinçante, The Boys est une réussite signée Seth
Rogen et Evan Goldberg. Le binôme le plus créatif d’Hollywood ?

Par Quentin Moyon

Temps de lecture 3 min.

The Boys

Bande Annonce

Acerbe, ironique et intelligente… La série The Boys, produite par Seth Rogen, Evan Goldberg et le showrunner Eric Kripke, nous plonge dans un monde dans lequel les supers-pouvoirs et donc les super-héros existent. C’est une sorte d’Avengers décalé dans lequel les vengeurs masqués sont remplacés par « Les Sept ». Des « Supers » aussi puissants que tyranniques.

Un tacle à Marvel
et à sa stratégie d’exploitation.

Car les dessous de cette « fraternité » de super-héros se révèlent assez crades : Deep, l’homme-poisson, abuse de sa position pour harceler sexuellement Starlight, la nouvelle venue qui voit bien vite ses rêves de justice s’envoler. La drogue et les orgies sont monnaie courante. Et la seule chose qui importe vraiment pour ces pseudos héros est la gestion de leur image. Un tacle à Marvel et à sa stratégie d’exploitation à outrance de l’univers des super-héros couplée à un positionnant marketing asphyxiant, donnant bien souvent des films sans saveur et sans enjeux.

Suite à la mort « accidentelle » de sa compagne, littéralement explosée par A-Train l’homme le plus rapide de la planète, Hughie (le vrai héros de la série) veut se venger. Il rencontre un ancien agent de la CIA, Billy Butcher, qui en veut également aux Supers. Avec deux autres comparses aussi fêlés que compétents, Mother’s Milk et Frenchie, ils vont former « The Boys », sorte de commando anti- super-héros.

Si The Boys est une réussite, c’est en grande partie lié à l’expérience acquise par ses deux producteurs. Seth Rogen et Evan Goldberg, sont issus de la bande de Judd Apatow qui a profondément renouvelé la comédie américaine (40 ans, toujours puceau ; En cloque, mode d’emploi…).  Réalisation, scénarisation, production (et aussi comédie pour Rogen), ils apprennent auprès d’Apatow comme le démontre SuperGrave (2007), un film cru et potache, qui donnait le ton de leur futur cinéma. Dans C’est la fin (2013) ils mélangent déjà comédie et fantastique (et se moquent comme dans The Boys des fondamentalistes chrétiens). Alors que L’Interview qui tue ! révèle un regard décalé sur l’actualité et un engagement par l’ironie. Preacher, série qu’ils ont écrite, dévoile leur attachement à la pop-culture, puisqu’elle était également adaptée d’un comics du même titre. Une réussite qui poussera le duo à renouveler l’expérience en produisant une nouvelle série de science-fiction parodique : Future Man, qui ouvre clairement la voie à leur nouvelle production.

C’est le bon dosage de toutes ses thématiques qui donne sa saveur à The Boys, série aussi drôle qu’effrayante et trash. Une œuvre post #metoo cinglante, qui évoque le harcèlement sexuel au travail, les excès des multinationales et du marketing et démystifie la figure du héros (une idée à peine effleurée par Marvel). Sans épargner l’impérialisme américain dans la droite lignée de Watchmen (dont on annonce une version sérielle sur Netflix). The Boys se positionne brillamment dans une double posture vis-à-vis de la pop culture qu’elle salue autant qu’elle la critique.

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