Pen 15

Retour vers le futur

Dans Pen 15, les showrunneuses Anna Konkle et Maya Erskine se replongent et nous
avec dans les déboires de leur adolescence. Un récit d’apprentissage frais et
mordant pour redécouvrir les pires années de notre vie. 

Par Quentin Moyon

Temps de lecture 5 min

Pen 15

Bande Annonce

Anna et Maya ont toutes les deux 13 ans. La première se cache derrière un sourire métallisé. La deuxième voudrait ressembler à la star de Buffy Sarah Michelle Gellar, mais ses expérimentations capillaires ratées en font plutôt un clone de Mireille Mathieu japonaise. Deux copines un peu marginales, en quête de popularité, qui naviguent dans l’océan agité de la vie collégienne en s’appuyant sur leur complicité mutuelle. Premiers petits copains, bières et cigarettes… Elles se sont juré de passer tous leurs baptêmes du feu ensemble. Visiblement, elles ont tenu promesse : Pen 15 est la première série co-écrite par Anna Konkle et Maya Erskine, qui interviennent également devant la caméra. À 30 ans passés, ces deux actrices déjà vues dans plusieurs séries repassent les fringues de leur adolescence des années 2000 pour interpréter elles-mêmes leurs doubles de fiction.

L’originalité du dispositif – tous les autres acteurs ont vraiment 13 ans – porte un message fort : on ne guérit jamais vraiment de son adolescence, cette crise corporelle et psychique qui dessine les contours de notre identité, de notre sexualité et de notre rapport aux autres. Anna et Maya passent par toutes les étapes consacrées de ce parcours initiatique, des plus intimes (la découverte de la masturbation) à celle qui mettent en jeu leur sociabilisation, avides qu’elles sont d’être acceptées par le groupe et remarquées par les beaux gosses, au risque de céder à la pression de la norme. Une norme qui se transforme parfois en racisme – celui auquel Maya est souvent confrontée – ou en stigmatisation de classe. La série met ainsi en exergue le phénomène de reproduction sociale qui incite les individus, dès l’adolescence, à ne fréquenter que les personnes issues de leur propre milieu.

« ce récit plein d’auto-dérision est le digne héritier du Freaks and Geeks de Judd Apatow »

Politique et sociétal, mais aussi bourré d’humour, ce récit plein d’auto-dérision est le digne héritier du Freaks and Geeks de Judd Apatow, maître-étalon des séries teenage qui préfèrent mettre en scène les ingratitudes de la puberté plutôt que de les effacer, façon Beverly Hills, sous une couche de glamour. La difficulté de grandir vue par Anna Konkle et Maya Erskine est à la fois douloureuse et tendre. En rejouant 20 ans plus tard cette étape de leur vie en assumant le temps qui les a changées depuis, elle nous offre un retour thérapeutique dans notre propre adolescence.

Pen 15, à partir du 19 juin sur Canal + et MyCanal

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