Félix Moati (No Man’s Land)

De Répu à Raqqua

Dans No man’s Land, minisérie d’Arte qui mêle drame politique et récit d’espionnage, Félix Moati joue un Parisien lambda propulsé au cœur du conflit Syrien. À travers lui, c’est nous qui sortons de notre zone de confort. Rencontre avec un acteur bouillonnant.

Interview : Caroline Veunac
Image : Paul Gombert

Temps de lecture 10 min.

Félix Moati

Interview

On lui a donné rendez-vous près de chez lui, à République. Il arrive juste un peu en retard, lance une vanne sur ses rouflaquettes, écoute attentivement nos questions, répond généreusement. Accessible, bon copain, bavard, cultivé, mal peigné… Félix Moati est l’incarnation du trentenaire Parisien, au charme éternellement adolescent, un peu crâne, légèrement nerveux. Après avoir fait la joie du cinéma d’auteur hexagonal, chez Jérôme Bonnell (À trois on y va), Mikael Buch (Simon et Théodore) ou lui-même (il a réalisé et joué dans son premier long, Deux Fils, en 2018), cette qualité de mec next door se met au service d’un récit où il s’agit, justement, de raconter la confrontation de jeunes occidentaux avec un ailleurs radical, celui du conflit syrien. Après Louis Garrel dans la dernière saison du Bureau des légendes, c’est donc au tour de Félix Moati de se retrouver en treillis et kéfié au milieu d’un désert moyen-oriental, une kalach à la main.

Dans No Man’s Land, minisérie captivante créée par le duo israélien d’Allegiance Amit Cohen et Ron Leshem, l’acteur incarne Antoine, un garçon issu de la bourgeoisie intellectuelle, qui, en 2014, part en Syrie sur les traces de sa sœur disparue (Mélanie Thierry), et se retrouve embrigadé parmi les recrues internationales des forces kurdes, qui combattent Daesh sur le terrain. Parallèlement à son parcours initiatique, on assiste à celui de trois Londoniens de son âge venus quant à eux grossir les rangs de l’organisation islamiste.

Cette série cosmopolite trouve sa force et son originalité dans le regard humaniste qu’elle porte à la fois sur les résistantes kurdes (car ce sont majoritairement des femmes), qui sacrifient leur jeunesse pour défendre la liberté, et les fous de Dieu chargés au Captagon, qui croient trouver une issue à leur misère dans la contribution à la naissance d’un califat sanglant. Mêlant habilement récit de guerre, drame familial et intrigue d’espionnage (avec James Purefoy en agent du Mossad), No Man’s Land évite l’épaisseur de certaines séries internationales pour mettre en évidence l’horreur absolue d’un conflit où des jeunes venus d’ailleurs viennent s’entretuer dans un pays lointain, au nom d’idéologies contraires. Félix Moati, que l’on retrouvera bientôt dans Resistance, aux côtés de Jesse Eisenberg, puis dans The French Dispatch, de Wes Anderson, se mesure à cette histoire de vie et de mort avec un aplomb un peu éberlué. Il nous en dit plus sur cette expérience qui rajoute une couleur à sa palette d’acteur.

No Man’s Land est disponible sur Arte.tv jusqu’au 29 mai 2021.

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