Velvet Buzzsaw

Velvet Buzzsaw Tranches de l’Art

Film. Présenté au festival de Sundance, le nouveau film de Dan Gilroy (Night Call) est une satire du monde de l’art contemporain qui se transforme en film d’horreur sans vraiment trouver son style. Explication.

Temps de lecture 3min

Par Quentin Moyon

Morf Vandewalt (Jake Gyllenhall), critique d’art aussi réputé que redouté, fait et défait les côtes de l’art contemporain. Alors que les galéristes, commissaires d’expositions et autres « art advisors » qui gravitent autour de lui ne semblent les évaluer qu’à l’aulne de ses côtes. Ce microcosme est ébranlé par la découverte des œuvres de Deaser, peintre récemment mort dans d’étranges circonstances. Derrière l’extase que procure son travail, se cache un mystère qui pourrait bien causer leur mort…

satire du monde de l’art contemporain qui se transforme en film d’horreur

Après avoir critiqué avec talent le monde de la télévision dans Night Call Dan Gilroy et Jake Gyllenhall s’attaquent à celui de l’art. Et l’attaque est frontale, dépeignant ses acteurs comme d’exubérants hypocrites, ambitieux à l’excès. Gilroy grossit tellement le trait que The Square, la Palm d’Or 2017, passera presque pour un film pro-art contemporain.

Mais cette satire est un peu clichée et mécanique (un galériste s’extasie sur un tas dans l’atelier d’un artiste, qui doit lui révéler qu’en fait c’est les poubelles…). Et s’avère vite n’être qu’une simple exposition à rallonge des personnages et des œuvres qui vont les tuer. La scène qui clôture la première partie, centrée sur la découverte des tableaux de Deaser, se révèle particulièrement inquiétante sans rien avoir de sanglant. Et c’est peut-être le seul moment d’horreur intéressant du film.

Ensuite, le metteur en scène se bat pour terrifier son audience, mais les ficelles sont trop visibles. Il abandonne rapidement son travail d’ambiance pour enchaîner les scènes de meurtres construites sur le même schéma : montée de la tension, jump scare, changement de personnage et on recommence. La deuxième partie n’étant finalement qu’un body count monotone à la morale naïve malgré la justesse de ses acteurs (John Malkovitch, Tony Colette, Rene Russo…). Bref, un film qui a toutes les qualités d’un produit Netflix : des personnages fort dans un univers clairement définit. Et ses défauts : un récit prévisible qui manque de forme (un comble pour un film sur l’art).

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