3 jours à Quiberon

Romy intime

Un week-end avec Romy Schneider, un film entre documentaire et biopic, cure et introspection. 3 jours à Quiberon d’Emily Atef, le long-métrage aux 7 Lola (l’équivalent allemand des Césars) débarque sur nos écrans. 

Temps de lecture 3min

Par Franck Lebraly

En 1981, Romy Schneider s’offre une parenthèse coupée du monde lors d’une cure à Quiberon avec son amie d’enfance Hilde Fritsch. Mais l’actrice de Sissi, La Piscine et des films de Claude Sautet (Les choses de la vie, César et Rosalie…) se fait violence en acceptant de donner une interview au grand magazine allemand Stern qui dépêche sur place un journaliste et un photographe qu’elle connaît bien. Elle se met à nue dans ce dernier entretien dans sa langue maternelle et fait face à ses vieux démons, entre crise d’identité et besoin de reconnaissance.

“Vous êtes Madame Sissi ? Non, je suis Romy Schneider.”

Romy a besoin de se détruire pour exister. Elle exulte dans la faiblesse, aime dans la haine… Elle est un délicieux paradoxe qui se dérobe sous l’œil du photographe Robert Lebeck qui prendra plus de 600 clichés lors de cette séance. Le journaliste est à l’affut du moindre détail qui pourrait l’étioler, mais elle vit sa détresse à fond et se laisse aller plus encore.

A t-on besoin de souffrir pour créer ? L’artiste existe t-il sans public ? Elle s’offre 3 jours d’introspection.

La réalisation en noir et blanc d’Emily Atef s’avère irréprochable. Marie Baumer se révèle criante de perfection et ressemble à s’y méprendre à Romy Schneider… Mais le film long et lent manque singulièrement de parti pris. Six semaines plus tard elle allait perdre son fils. Un an après l’actrice meure d’un excès de barbiturique à 43 ans, sans que l’on sache s’il s’agit d’un suicide ou d’un accident. Le film se repose un peu trop sur cette issue tragique. C’est son élégance. Sa limite aussi.

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