Cold War

A chaudes larmes

Film. Prix de la mise en scène à Cannes, le film de Pawel Pawloski donne l’âme slave sur fond de jazz dans le Paris des années 50.

Temps de lecture 2min

Par Jacques Braunstein

Long-métrage en noir et blanc, format carré, bande originale gorgée de jazz et de musique slave, Cold War assume sa mélancolie… À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Wictor parcourt les routes enneigées et crottées de Pologne à la recherche de chanteuses et danseuses traditionnelles.

Cold War est un mélodrame renversant, la triste beauté de Joanna Kulig est bouleversante

Ce musicien est chargé de monter un spectacle folklorique à la gloire du Parti Communiste. Lorsqu’il auditionne Zula, il sait que ce n’est pas vraiment une paysanne qui cadre avec son projet, qu’elle cache sans doute un secret, mais elle chante bien et surtout elle est jolie… La tournée est un succés, Zula devient sa maîtresse, et il lui propose de passer à l’Ouest. Là où il pourrait se consacrer à la musique qu’il aime : le jazz. Là où elle aimerait enregistrer un disque. Elle hésite, le laisse partir seul, le rejoint à Paris… Mais est-on tout à fait les mêmes dans un pays étranger ? Quoi de commun entre l’immigré qui court les cachets et le chef de troupe dont elle est tombée amoureuse ?

Cold War est un mélodrame renversant, la triste beauté de Joanna Kulig est bouleversante, Et Tomasz Kot trimbale un mal être craquant de cigarette au petit matin. Avec ce film Pawel Pawloski semblait avoir toutes les cartes en main pour décrocher la Palme d’or à Cannes cette année. D’autant que son précédent film Ida, l’histoire d’une religieuse qui découvre son passé, la vie et le jazz dans la Pologne des années 50 – déjà en noir et blanc, format carré – avait obtenu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2015.

Signe des temps, cette année un autre film nostalgique sur la musique de l’autre côté du Rideau de fer était en sélection officielle à Cannes. En noir et blanc également, mais plus rock, Leto du cinéaste russe Kirill Serebrennikov a séduit de nombreux festivaliers. Le jury a-t-il hésité entre ces deux films cousins ? Finalement, Pawel Pawloski s’est contenté du Prix de la mise en scène. Un prix amplement mérité par ce grand mélo classique. Maitrisé de bout en bout, il mérite bien une larme.

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