Climax

Sangria Party

Film. Le réalisateur du malaise, Gaspard Noé (IrréversibleEnter The Void), veut toujours amener au cinéma français le souffle qui lui manque. Mais s’essoufflerait t-il ?

Temps de lecture 3min

Par Franck Lebraly

On pourrait crier au génie comme la majorité des critiques qui auront tapé du pied durant ce spectacle de danse mêlant grâce et violence. Dans Climax se heurte plans séquences virtuoses, chorégraphies épileptiques et mise en scène habile où la caméra perd la tête et nous la met à l’envers. « On n’en ressort pas indemne », « Une descente aux enfers », « une grosse claque » les louanges se multiplient…

Le réalisateur d'Irréversible fait du prévisible.

Le film commence par un plan séquence de maboule, certes, et dévoile les corps échauffés de jeunes danseurs. Trop de mauvaise sangria coupée à l’acide les fera perdre pied et l’enfer se dévoile à huis clos. Noé construit sa trame autour d’acteurs non pro, on ne le remarque que trop… C’est malin de nous les présenter sous hallucinogènes pour maquiller leur jeu, mais il cloche tout de même. Il sont épaulés par de vrais danseurs parmi lesquels KiddySmile (le musicien qui a fait le buzz dans la cours de l’Elysée le 21 juin) et Sofia Boutella(Ex-danseuse des Halles devenue bankable aux Etats-Unis avec Star Trek ou Fahrenheit 451)  dans l’indifférence général du milieu du cinéma hexagonal. Elle est la véritable boule à facette du film.

Et autour d’elle beaucoup de monde gravite sur le dance floor… La bande son déchire, un peu de French Touch ou des classiques comme ce bon vieux Patrick Hernandez, un inédit de Daft Punk, de la techno qui tabasse entre les cris des danseurs et les hurlements des enfants (l’élément transgressif nouveau dans l’univers de Noé).

Le générique de fin commence au début, reprend au milieu… Le réalisateur mène sa barque comme il le veut et nous coule sous son originalité débordante. Mais ce schéma, est redondant chez Noé. Ce qui était original à l’époque de Irréversible devient (dé)convenu aujourd’hui. Corps torturés, lumière au strobo, caméra retournée, musique omniprésente… Ces artifices déjà vus et placés là gratuitement feraient passer des films d’horreur standards comme Annabelle ou La Nonne pour des chefs d’œuvres de maitrise et de sobriété. C’est un peu décevant, prévisible même. Le malaise ne prend qu’à moitié et on est choqué de ne pas l’être.

VOIR AUSSI