Retour à Bollène

Case départ

Film. Ses parents sont venus du Maroc pour travailler en France, lui a préféré s’expatrier dans les Émirats. De Retour à Bollène, il replonge dans cette France périphérique qui n’a plus rien à lui offrir. Présentation. 

Temps de lecture 3min

Par Jacques Braunstein

Nassim était un élève brillant, comme beaucoup de français issus de l’immigration il a choisi de s’expatrier après ses études. Il travaille aujourd’hui dans la finance à Abou Dhabi. Pour les fiançailles de sa sœur il revient à Bollène où il a grandi. Une ville économiquement sinistrée passée aux mains de la Ligue du Sud, le parti créé par Jacques Bompart suite au « recentrage » du Front National.

“Ce n’est pas La Haine ou Le monde est à toi, c’est même tout l’inverse.”

Il revoit ses frères et sœurs, sa mère, ses anciens amis et même un prof communiste qui l’a aidé et est depuis devenu conseillé municipal d’extrême-droite. 

Retour à Bollène est le premier film réalisé par Saïd Hamich, le producteur de Much Love, Ni le ciel ni la terre ou Vent du nord sorti récemment.  Il a lui même vécu à Bollène quelques années. « Il y a des pavillons où vivent les français et des cités où résident les marocains. Entre eux, vous trouvez quelques routes entretenues et des zones commerciales. Basta. » explique-t-il dans le dossier de presse. Le film parvient à rendre palpable cet enfermement de chacun dans sa case, son rôle, sa communauté… Nassim passe d’une zone à l’autre dans son 4X4 Audi de location qui l’enferme lui aussi dans son statut de néo-bourgeois. Il parle peu, Amas El Baz qui l’interprète ne cherche pas à en faire un personnage sympathique. Le film est sec, tendu, pas spécialement optimiste ou empathique avec ses personnages. On en sort même un peu désappointé. Et puis lorsqu’on y repense, on s’aperçoit que tout est dit, avec une économie de moyen et un sens de l’ellipse d’une rare élégance.

Ce n’est pas La Haine ou Le monde est a toi (le nouveau film sur la banlieue de Romain Gavras qui sortira le 22 août prochain). C’est même tout l’inverse, un long-métrage dans la lignée de ceux des Frères Dardenne ou de Ken Loach mais débarrassé de leur rhétorique pas trop démonstrative.

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