L’ABC des B.A.

Pop et exigeante

Notre sélection des films indépendants les plus excitants de la rentrée. Bandes annonces.  

Temps de lecture 4min

Par Sophie Castelain et Jacques Braunstein

 

 

 

 

 

GUY d’Alex Lutz, le 29 août

Deuxième film de l’humoriste Alex Lutz en tant que réalisateur, qui raconte l’histoire de Guy Jamet, ancienne gloire fictive de la variété française. Lutz y apparaît métamorphosé en homme de 70 ans. Toujours adepte des transformations (Catherine et Liliane), il semble vraiment crédible en senior. Le film est un faux documentaire sur le chanteur, suivi caméra au poing, par un journaliste qui révélera être son fils illégitime. Mais cette comédie présentée à Cannes, dans le cadre de la Semaine de la Critique et plutôt bien accueillie, est surtout un exercice de style sur le temps qui passe. A travers l’histoire d’un chanteur populaire, c’est toute l’histoire du divertissement que Lutz passe en revue.

Thelma et Louise de Ridley Scott, le 29 août

Le road movie a connu un revival dans les années 90 avec Sailor et Lula, True Romance ou Natural Born Killer… Quand Ridley Scott (Alien, Blade Runner) s’en empare en 1996, il y ajoute une dimension féministe en remplaçant le couple habituel par un duo de copines (Susan Sharandon et Gena Davis). Lassées d’être les éternelles victimes de la domination masculine, elles s’élancent sur la route au volant d’une Ford Thunderbird cabriolet 1966. Poursuivit par un flic étrangement bienveillant (Harvey Keitel), elles croisent le chemin de Brad Pitt dans un de ses premiers rôles. Un film #metoo avant la lettre au style résolument 90… On peu difficilement imaginer reprise plus dans l’air du temps.

Sofia de Meryem Benm’Barek, le 5 septembre

Un sujet peu vu au cinéma jusque-là : la procréation hors mariage au Maroc… Une histoire pourtant assez ordinaire dans le pays. « Tous les marocains connaissent dans leur entourage une personne qui a été confronté à ce genre de chose » explique la réalisatrice Meryem Benm’Barek. Un fait social fort pour un premier film projeté dans la sélection Un Certain Regard lors du dernier festival de Cannes.

Whitney de Kevin McDonald, le 5 Septembre

Après Marley en 2012, Kevin McDonald nous présente aujourd’hui un documentaire sur la diva déchue Whitney Houston. Il s’est attaché à la face cachée de la chanteuse derrière l’image très people des tabloïds. Pour cela il a interviewé 75 personnes, récolté des images inédites et effectué un réel travail d’investigation. Le résultat est surprenant ! On passe de moments euphorisants, où l’on voit la chanteuse se prendre au jeu de la scène, à des moments plus intimes et plus sombres ou Whitney semble étouffée par sa célébrité… Un documentaire plein d’anecdotes qui se regarde que l’on soit fan ou non de Whitney.

Searching, de Aneesh Chaganty, le 12 septembre

Un peu à la manière de Cédric Jimenez avec d’Aux Yeux de Tous (2012), Aneesh Chaganty a réussi le pari fou de monter un film entièrement à partir d’images d’ordinateur, de go-pro, d’écran de téléphone et de télévision ! Un thriller dans lequel Margot 16 ans disparaît et où son père va tout faire pour la retrouver, et surtout utiliser tous les moyens possibles mise à sa disposition, autrement dit les réseaux sociaux. Et c’est là la nouveauté par rapport au film de Jimenez. Au premier abord le spectateur pourrait être effrayé par un tel montage, mais le suspense est là, et les dialogues se révèlent suffisamment solide pour soutenir l’attention…

Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret, le 12 septembre.

Quelque part entre Les Liaisons dangereuses et Les jeux de la fortune et du hasard, Emmanuel Mouret adapte une intrigue secondaire de Jacques Le Fataliste de Denis Diderot.  Un triangle amoureux entre une marquise (Cécile de France), une courtisane qui se fait passer pour une bigote et un libertin campé par Edouard Baer. Lui qui s’est fait connaître par l’usage un peu snob d’une langue légèrement surannée, semble parfaitement contemporain lorsqu’il épouse celle du XVIIIe siècle. La fluidité de la mise en scène et le naturel des comédiennes qui semblent vraiment habiter les décors d’époque font de Mademoiselle de la Joncquières une comédie particulièrement séduisante.

Vaurien de Mehdi Senoussi sortie le 19 septembre

Une bande annonce qui nous plonge dans un monde que les médias décrivent souvent, celui de la recherche d’emploi, de la précarité, et du chômage… Décryptant un mécanisme qui ne touche pas seulement les chômeurs, mais également leur entourage,  ce drame révèle comment il est facile de devenir un « vaurien » aux yeux de la société et comme il est difficile de sortir de cette spirale. Évoquant le best-seller de Florence Aubenas Le Quai de Ouistreham, ou le film Moi, Daniel Blake de Ken Loach, Palme d’Or 2016.

Le vent tourne de Bettina Oberli sortie le 26 septembre

Un couple d’agriculteurs (Mélanie Thierry et Pierre Deladonchamps) tranquille voit sa vie chamboulée avec l’arrivée d’un technicien chargé d’installer une éolienne près de leur ferme (Nuno Lopez). Le premier long métrage en français de la cinéaste suisse allemande Bettina Oberli. Est-on vraiment heureux ? Oui, jusqu’à ce que l’on se pose la question ! Et l’herbe a toujours l’air plus verte ailleurs…

L’ombre d’Emily de Paul Feig, le 26 septembre

Une promotion lancée depuis des mois, un duo d’actrices inédit (Blake Lively et Anna Kendrick), un réalisateur (Paul Feig) plus habitué aux comédies (Mes meilleurs amies, S.O.S Fantômes…), et un casting attirant (Rupert Friend…). On a envi de croire à ce thriller plein de promesses, et de comprendre ce qui est arrivé à Emily. Les images dévoilées dans les différentes bandes annonces qui ont un air de Gone Girl, et la version instrumentale de « Crier tout bas » de Cœur de Pirate, nous laisse espérer une jolie bande originale… Verdict fin septembre.

Girls de Lukas Dhont, le 10 octobre.

Premier film et déjà un palmarès digne de Didier Deschamps. Avec Girl, le flamand Lukas Dhont a remporté cette année à Cannes la Caméra d’Or qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues… La Queer Palm du meilleur film LGBT+ devant de sérieux candidat comme Un couteau dans le cœur et Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré. Alors que son interprète principale, Victor Polster, se voyait remettre le prix d’interprétation d’un Certain Regard. Les différents jurys ont été sensibles à cette histoire d’ado qui veut devenir danseuse mais est prisonnière d’un corps d’homme.

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