Versus- Gravement

Film. Après Beauséjour et Wakefield, courts-métrages remarqués au festival
de Clermont-Ferrand, François Valla présente un premier long-métrage
dans la lignée de l’horreur sociale de Grave.

Par Quentin Moyon

Temps de lecture 3 min.

Versus

Bande Annonce

Cliché du riche bourgeois parisien, Achille est un soir victime d’une agression très violente. Commence alors pour lui, chez sa tante, en bord de mer, une tentative de reconstruction physique et psychologique. Marquée par sa rencontre avec Brian, issue d’un milieu social complètement opposé, qui fait ressurgir sa colère profonde…

Comme Grave de Julia Ducournau,
Versus s’avère un sombre récit d’apprentissage

Beaucoup de films mettent déjà au cœur de leur concept horrifique, un cadre réaliste, souvent à base de tueur fou (Halloween au hasard ?). Mais la nouveauté apportée par Versus réside dans l’utilisation presque scientifique du concept de stress post-traumatique. L’agression impressionnante dont Achille est victime au début du film, le brise mentalement et change complètement la personne qu’il est.
Cette construction narrative, outil classique de nombreux« Slasher F» (Douce Nuit Sanglante Nuit de Charles E. Sellier Jr. par exemple) devient plus poignante dans ce thriller horrifique, le background du personnage permettant une identification aisée.

Horreur et lutte des classes
Le film manque cruellement de nuances, les personnages ne sont définis que par leur appartenance à une classe. Et les personnages féminins se voient quant à eux limités à leur genre. Mais paradoxalement, le film ne gagne pas en réalisme du fait de ces stéréotypes. Il dépeint la société avec des gros traits pour ensuite renverser les certitudes. Ne sommes-nous pas tous similaires finalement, constitués d’instincts primaires néfastes dévoilant un « homme intrinsèquement mauvais » selon les principes de Thomas Hobbes ?

« Connais-toi, toi-même »
Comme Grave de Julia Ducournau, Versus s’avère un sombre récit d’apprentissage. Découvrant des facettes que l’on tente de réprimer pour s’intégrer à la société. C’est un film sur la pulsion de violence, de meurtre, sexuelle aussi. Une pulsion libérée par la pulsion d’un autre avant lui, comme un cercle vicieux de la violence, une violence contagieuse. Versus tâche de dépeindre, parfois maladroitement, l’ambivalence de l’homme, un film partiellement réussi, mais qui a le mérite de sa cohérence formelle.

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