Un Amour Impossible

La possibilité d’un film

Film. Catherine Corsini adapte Un Amour Impossible de Christine Angot. D’un roman intime elle fait une fresque sur la France des années 50-60.

Temps de lecture 3min

 

Par Jacques Braunstein

Châteauroux, fin des années 50, Rachel Schwartz, assistante sociale de 26 ans est issue de la classe moyenne. Elle vit chez sa mère lorsqu’elle rencontre Philippe, parisien de bonne famille et traducteur pour l’armée. Cultivé, il lui fait découvrir Nietzsche et les auteurs en vogue, ils tombent amoureux. Rachel place le jeune homme sur un piédestal, mais Philippe n’est pas aussi impliqué qu’elle dans la relation, ses origines juives le freine. Rachel tombe enceinte, et Philippe s’éloigne doucement. « Je ne me marierai jamais avec toi cingle-il… Bien-sûr si tu avais été riche cela aurait été différent. Tu es enceinte mais cela ne change rien. » Commence une relation épistolaire qui durera des années. Rachel se bat pour que sa fille, Chantal, porte le nom de Philippe. Aveuglée par la relation père-fille qu’elle essaye de créer et d’entretenir, qu’elle passe totalement à côté de sa nature perverse. L’inceste qui nourrira l’œuvre de Christine Angot auteur du livre dont est tiré Un Amour Impossible.

Catherine Corsini s'approprie à merveille le roman pour traiter de thèmes qui lui sont chers

Catherine Corsini se l’approprie à merveille pour traiter de thèmes qui lui sont chers. La place des femmes (ici dans la France des trente glorieuses), l’ascension sociale de son héroïne, sa condition de mère célibataire. Philippe finira par épouser une allemande, et se justifie ainsi : « les allemandes sont dévouées à leurs hommes comme les japonaises ». Il ne cesse pourtant de faire croire à Rachel qu’elle touche au but pour à chaque fois s’échapper et la renvoyer à ses origines modestes.

De ce récit autobiographique resserré sur 220 pages, Catherine Corsini parvient à faire un film ample. 50 ans d’histoire, 90 lieux recrées à l’identique (comme l’ancienne caisse primaire d’assurance maladie du département de l’Indre), une forme épistolaire…

Virginie Efira, star de la comédie (20 ans d’écart, Victoria…) qui élargie sa palette à chaque rôle (le prochain Paul Vehroven : Benedetta) porte le film. Quant à Niels Schneider (Un peuple et son Roi, Ad Vitam…), il est formidable de séduction et de duplicité. Un grand film sur la relation  mère, fille. Une mère qui n’a pas su protéger son enfant. Une fille qui l’admire et trouve la force de rester bienveillante grâce à l’écriture. « Tu es quelqu’un de bien Maman. Ça change quoi ? ça change tout ! ».

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