Paroles de femmes, au Très Court Festival

5 films pas si courts

Démarrage du Très Court Festival, qui se déroule cette année en ligne du 4 au 13 juin. Un évènement dédié aux films de moins de 4 minutes, parmi lesquels une section consacrée à des œuvres féministes. Partenaire de l’évènement, Somewhere Else vous confie ses coups de cœur.

Par la rédaction

Temps de lecture 5 min

Depuis 2009, le Très Court Festival se fait le haut-parleur des voix féminines. Cet engagement de longue date se matérialise depuis trois ans par le développement de la plateforme Paroles de Femmes et d’une compétition thématique. Cette année, cette sélection se compose de 22 films très courts réalisés par des femmes et par des hommes, qui ont en commun de mettre leur regard et leur esthétique au service d’un engagement féministe. En attendant le verdict du jury présidé par Anne-Cécile Mailfert, fondatrice et présidente de la Fondation des femmes, la rédaction de Somewhere Else, partenaire de l’évènement, a choisi cinq films particulièrement marquants.

Petite Joueuse, de Tamara Vittoz

Premières soirées… Premières émulations et émotions adolescentes. Il faut être cool pour plaire aux garçons, cool pour satisfaire les copines qui ont quand même été gentilles de nous inviter, cool pour se plier aux règles du jeu de la bouteille et à ses gages humiliants… Jusqu’à donner de son corps ? Dans Petite Joueuse, de Tamara Vittoz (aperçue devant la caméra dans Cézanne et moi de Danièle Thompson), on est bien loin de l’inoffensive boum de Sophie Marceau. Le film nous plonge dans une atmosphère proche du thriller, pour mieux décortiquer les mécanismes d’incorporation de la culture du viol. Suffocant.

Camille, de Nathanaël Sonn

Ce film d’animation se déroule presque entièrement dans une salle de bain : le lieu de tous les reflets, ceux des miroirs, ceux de l’eau ; l’endroit où l’on est le plus confronté à son propre corps, et où, dans le silence de la baignoire, on ne peut pas s’empêcher de penser. Nathanaël Sonn se sert de la banale routine de se laver pour explorer les questionnements identitaires de Camille, une femme transgenre qui doit chaque jour être confrontée à la vision dysphorique de son corps (ce sentiment d’inadéquation entre son genre assigné et son identité de genre). Le dessin tout en aquarelle et transparence symbolise parfaitement ces mouvements intérieurs et accompagne un récit poétique sur la lutte contre soi-même et l’acceptation de sa propre image.

La Case, de Serena Porcher-Carli et Marin Auvin

Encore un film d’animation, qui met en scène quatre témoignages entremêlés de femmes homosexuelles racontant leurs déboires dans le monde masculin et hétéro du travail. La force du film ? Une animation hybride, qui dépose des personnages crayonnés dans des photos du monde réel, démontrant par la forme-même qu’une femme lesbienne n’est jamais vraiment elle-même. Elle doit se cacher, s’adapter, comme un véritable brouillon que l’on gomme et modifie par peur de la différence. Surtout, elles ne se sentent plus considérées comme des humaines à part entière, mais comme les lesbiennes du bureau sur qui chacun a tout un tas de projections. Un film presque documentaire, amusant et révélateur.

Tormenta, de Cyrielle Deblangy

Ambiance ibérique pour ce court-métrage d’animation organisé visuellement autour des différentes teintes de l’ocre, et accompagné du début à la fin pas un air de guitare espagnol. Alors qu’une femme lutte pour s’échapper d’une relation toxique, des images de corrida viennent s’intercaler, établissant un parallèle intelligent entre les deux confrontations. Si le combat s’achève généralement par l’estocade, il arrive parfois que le taureau s’en sorte. Ici, ne pouvant espérer un indulto, il ne reste à la femme qu’à affronter son bourreau jusqu’au bout pour gagner sa liberté.

Slice of heaven, Kourtney Roy

Thelma, septuagénaire botoxée à la peau tannée par le soleil, raconte au bord de sa piscine avoir « vraiment eu du bol » au cours de sa vie. Un discours vite démenti par une caméra qui la filme seule, larguée, et fuie pas ses amies. Dans ce décor flashy situé probablement quelque part en Floride, la Canadienne Kourtney Roy dresse un tableau à la fois critique, drôle, et tendre d’un monde artificiel où règnent les apparences.

Très Court Festival, du 4 au 13 juin : https://trescourt.com/

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