Tel Aviv On Fire

Houmous fever

Film. La comédie de Sameh Zoabi mêle subtilement humour
et regard engagé sur le conflit israélo-palestinien. Explications.

Par Lisa Muratore

Temps de lecture 3 min.

Tel Aviv On Fire

de Sameh Zoabi

Bande Annonce

Une frénétique envie de houmous prend n’importe quel spectateur de Tel Aviv On Fire. Mais le film de Sameh Zoabi a bien plus à offrir. Il raconte le quotidien de Salam (Kais Nashif), jeune stagiaire arabe israélien sur le plateau du soap opéra, intitulé Tel Aviv On Fire, tourné à Ramallah, en Est Palestine. Contraint chaque jour de traverser un check-point pour aller travailler, il est arrêté par Assi (Yaniv Biton), l’officier israélien en charge de ce check-point, fan de la série dont Salam affirme être le scénariste. C’est le point de départ d’une suite de situations aussi barrées qu’absurdes, puisque Salam va se voir imposer par Assi, des changements de script. Une histoire pas si absurde que cela quand on sait que Travail d’Arabe, une série signée par le journaliste arabe israélien Sayed Kashua, a été une des plus populaires de la télévision israélienne des années 2000.

Tel Aviv On Fire
dépasse la comédie
pour devenir un film engagé

Leurs rendez-vous quotidiens sont l’occasion de dialogues savoureux entre un occupant trop volontaire et un occupé tout en nuance et en mélancolie, ce qui crée une forte alchimie comique. Comme le mélange entre les scènes tirées du soap opéra et celles de la vie réelle à la colorimétrie différente. Les tons vifs du programme tranchant avec les couleurs ternes de la réalité brute.

Cet entremêlement de points de vue, donne alors au film deux trajectoires politiques. Celle de la Guerre des Six Jours telle que décrite dans la série et présentée par Bassam (Nadim Sawalha), créateur du show. Et celle de la réalité actuelle des check-points.

Ainsi, Tel Aviv On Fire dépasse la comédie pour devenir un film engagé. Mais le réalisateur palestinien (remarqué en 2012 avec Téléphone Arabe) a réuni un casting international (Kais Nashif est réellement arabe israélien, Yaniv Biton israélien, Nadim Sawalha jordanien et l’actrice principale Lubna Azabal, belge). Ensemble ils cherchent à livrer un regard tout en nuance sur le conflit. Pris à son propre piège, Salam réalisera que la cohabitation n’est possible que si les deux peuples sont égaux. C’est dans cette balance des points de vue que réside le génie du film qui a reçu le grand Prix au Festival International de Haïfa 2018.

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