Sollers Point

Matt Porterfield : Working class hero

Film. Polar, social et pourtant lumineux, Sollers Point s’attache à un jeune délinquant dans la banlieue de Baltimore, ville en proie à la désindustrialisation. Rencontre avec son réalisateur, Matt Porterfield lors du Champs-Elysées Film Festival. 

Temps de lecture 3min

Par Jacques Braunstein

Matt Porterfield est un des joyaux les plus brillants et pourtant les mieux cachés du cinéma indépendant américain contemporain. En quatre films, il a développé une esthétique moderniste qui prend source dans les quartiers populaires de Baltimore, sa ville natale. Il s’attarde, sans esbroufe ni condescendance, sur la vie de ceux qui les peuplent.

Esthétique moderniste qui prend source dans les quartiers populaires de Baltimore

Dans son magnifique Sollers Point, il suit les déambulations estivales d’un jeune repris de justice essayant de ne pas replonger, mais est irrépressiblement attiré par l’abîme… Interprété par McCaul Lombardi (Nous, les coyotes, American Honey…) et Jim Belushi (Double Détente, Blues Brother 2000…), le film est intimement lié à l’expérience de son réalisateur : « La toute première idée de ce film était une image : celle d’un homme avec un bracelet électronique accroché à la cheville. J’ai vu ça sur quelques vieux amis de Baltimore et ça m’a marqué. Ensuite, je voulais rendre hommage à ce quartier qui fut celui de mes aïeux. » Sollers Point est le nom d’un quartier de Baltimore, comme Hamilton et Putty Hill, les deux précédents films de Porterfield. Comme eux, il dénote son ambition de raconter une ville, construisant une trilogie cohérente même si les films peuvent être vus séparément. « Hamilton et Putty Hill étaient initialement des titres de travail, mais ils sont restés parce que je ne trouvais rien de mieux. Et j’ai donc consciemment décidé d’appeler celui-ci Sollers Point. Ce sont trois quartiers très différents, bien qu’ils hébergent des populations assez pauvres… » Comme ses deux films précédents Sollers Point se déroule pendant l’été. «  Je suis prof le reste de l’année, et en vacances l’été ! Ceci étant, j’éprouve une grande fascination pour Baltimore en été. On sent la chaleur dans l’image et dans le son. Elle est palpable. Elle est lourde, épaisse. Elle agit comme une glue… Mais un jour j’aimerais faire un film d’hiver ! » En attendant, la canicule de Sollers Point est hautement recommandable.

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