Silvio et les autres

L’enfer, c’est les autres

Film. Portrait orgiaque de Berlusconi et satire de l’Italie signé Paolo Sorrentino, Silvio et les autres semble déjà raconter un monde disparu. Explications.

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Par Franck Lebraly

Certains diront que c’est le meilleur film du réalisateur de La Grande Bellezza, on peut reconnaître une maitrise parfaite de la mise en scène et des fêtes, sorte de clips géants remplis des plus grands fantasmes des mâles italiens. Le cadre et le son, éléments indissociables dans le travail de Sorrentino, en font un véritable petit bijou filmique

Sorti en avril dernier en Italie, sous le titre Loro (les autres), il se présentait en 2 parties et durait 5 heures au total

Les 30 premières minutes sont une ode au cinéma italien, un message au cinéma mondial, le motif étant un peu gratuit, telle une fable qui aurait pour titre « le mouton et la clim ». Le ton est donné. Entre faits réels et faits sublimés, nous sommes en 2009, peu avant le séisme d’Aquila… Un petit mac des Pouilles joué par Riccardo Scamarcio rêve de rencontrer « il presidente » et organise une méga teuf avec les plus beaux atouts de la botte. La rencontre se fait mais retombe comme un tiramisu, et malgré les temps morts qui paraissent essentiels, on regarde sa montre. Un peu comme le peuple qui attendrait son messie, en vain.

Lorsqu’apparait l’acteur Toni Servillo, en Silvio, il accapare totalement l’écran et nous ferait presque oublier les 30 canons gravitant autour de lui, projetant l’homme comme une star iconique à l’inverse du très politique Caimano (Nanni Moretti 2006)

Car Silvio, c’est l’Italie dans ce qu’elle a de plus flamboyant et de plus discutable. Touche à tout de génie, nabab moderne, le « cavaliere »  faisait fantasmer son pays sans trop de honte. S’inscrivant dans la culture transalpine de la satire, le film rappelle à quel point les italiens ont toujours aimé se moquer de leurs politiciens, Sorrentino le premier, puisqu’il est déjà auteur de Il Divo sur Andreotti. Mais il semble que la page soit tournée pour de bon. Le film est sorti là-bas en avril dernier, quelques semaines après les élections qui ont vu la victoire des populistes. Sous le titre Loro (les autres), il se présentait en 2 parties et durait 5 heures au total (car initialement prévu pour la télévision). Il arrive en France remonté et compilé en un film de 2h30, et c’est peut-être le principal défaut qu’on peut lui trouver. A moins que, plus profondément, la politique italienne ne nous fasse plus autant rire.

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