Patrick

Présenté au festival Music&Cinéma d’Aubagne, Patrick est un film sur le deuil
un peu à part. Mêlant naturisme, camping et partie de Cluedo,
le premier long-métrage de Tim Mielants
possède un charme inattendu.

Par Olivier Tellier

Temps de lecture 5 min

Patrick

Bande Annonce

C’est à coup de cors mélodieux et mélancoliques que s’ouvre le film. À l’image, un homme nu fait la planche au milieu d’un lac et semble profiter du calme avant la tempête. Patrick est employé dans un camping naturiste tenu par son père au cœur des Ardennes belges. A 38 ans, il vit encore avec ses parents et quand il ne s’occupe pas de retaper une barrière, il en profite pour fabriquer des chaises dans son atelier. Mais un jour, un de ses marteaux disparaît. Inquiet, Patrick questionne les occupants des caravanes environnantes. Le même soir, son père meurt, mais c’est toujours l’absence du marteau qui semble le plus préoccuper Patrick. Alors que d’autres cherchent à tirer profit de la situation pour prendre les rênes du camping, il mène son enquête, à la recherche de l’outil manquant.

Les Ardennes sont certainement pour le cinéma belge ce que la Monument valley est au cinéma américain. Du dernier long-métrage de Fabrice Du Welz Adoration au film Les Ardennes de Robin Pront, les grandes forêts de pins couvrant le massif ardennais inspirent aux réalisateurs belges un cinéma atypique et souvent de genre. Ainsi, naviguant à l’orée du polar et du fantastique, Patrick est une sorte de film Cluedo qui garderait ce décalage que l’on aime tant dans les films de nos voisins.

une beauté inattendue pour
une histoire aussi farfelue

Le réalisateur Tim Mielants, qui a officié sur des séries américaines telles que Legion, Peaky Blinder ou la toute récente Tales from the loop, joue avec la psychanalyse et le film de deuil en traitant par l’absurde la recherche d’un marteau volé, qui finit par se confondre avec le père disparu. Dans un drôle et savoureux parallèle, l’absence paternelle est soulignée par des plans insistants sur l’emplacement vide de l’outil dans l’établi. Ce deux disparitions conjuguées entraînent chez notre héros (interprété par un méconnaissable Kevin Janssen, vu dans Revenge et The Room) une crise existentielle prise très au sérieux par le film, même si la nudité et l’étonnante galerie de personnages secondaires provoquent par ailleurs un effet poilant.

Via une photographie saturée de verts et de marrons, la nature rayonnante et boisée imprègne l’image jusque dans l’intérieur des mobile homes. La mise en scène regorge de cadres dans le cadre, de reflets et de mouvements infimes, donnant au film une beauté inattendue pour une histoire aussi farfelue. C’est là que Patrick, étrangement drôle et bizarrement beau, se montre le plus intéressant.

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