My Pure Land

Seule contre tous

Film. My Pure Land, du réalisateur pakistanais Sarmad Masud s’inspire de l’histoire vraie de Nazo Dharejo qui a défendu sa maison contre 200 bandits armés. Assaut version #metoo ? 

Temps de lecture 3min

Par Lisa Moumni-Barbault

À tout juste 18 ans, Nazo Dharejo voit sa maison et sa terre attaquées par 200 bandits armés engagés par son oncle. My Pure Land, le premier long-métrage de Sarmad Masud (jusque-là réalisateur de séries pour la télévision Pakistanaise) est inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée au fin fond d’une région agricole du Pakistan.

“Le premier long-métrage en langue ourdoue présenté par la Grande-Bretagne aux Oscars.”

Seule avec sa sœur et sa mère après que son frère ait été tué par la police corrompue et que son père ait été injustement jeté en prison, Nazo va devoir mettre en œuvre les enseignements de son père. Prévoyant, il a initié ses filles au maniement des armes à feux comme des garçons. Nazo, interprétée par Suhaee Abro, actrice, chanteuse, danseuse et chorégraphe et sa sœur cadette Saeda (Eman Malik) vont risquer leur vie pour rendre justice à leur père.

My Pure Land n’affiche pas une violence graphique et sanglante de films de siège comme Assaut de John Carpenter, Les Chiens de paille de Sam Peckinpah ou, dans un autre genre, Skyfall de Sam Mendes. Celle-ci apparaît de manière plus insidieuse. La vie de Nazo et Saeda n’a pas plus de valeur que celle d’un lopin de terre, il suffit de les tuer pour prendre leur maison. Elle est là, la vraie violence.

Sarmad Masud exploite les possibilités du slow-motion accompagnées de puissantes musiques ghazal pour conférer une dimension mystique au film. Les flashbacks à la légèreté pure témoignent d’un bonheur perdu qui contraste nettement avec les scènes ancrées dans le présent qui montrent de surréalistes jeunes femmes en sari, kalachnikovs à la main. Les personnages se battent pour obtenir ou conserver ce qu’ils possèdent, mais leurs vies semblent régies par une force supérieure les laissant en proie au destin que Dieu leur a choisi. Ne pas se laisser faire tout en acceptant ce qui doit arriver, vivre dans l‘amour et le respect d’autrui dans un monde sans foi ni loi. Les paradoxes qui sont au centre de My Pure Land en font un récit universel. C’est d’ailleurs le premier long-métrage en langue ourdoue présenté par la Grande-Bretagne aux Oscars.

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