Mary Shelley

La fiancée de Frankenstein

Film. Cet été sort Mary Shelley, qui retrace le destin de la femme derrière Frankenstein. Un rôle idéal pour Elle Fanning et un sujet sur-mesure pour Haifaa Al-Mansour, unique et talentueuse réalisatrice saoudienne. Démonstration. 

Temps de lecture 4min

Par Lisa Moumni-Barbault

Mary Wollstonecraft Godwin a 16 ans lorsqu’elle entame une relation passionnelle et scandaleuse, avec le poète romantique Percy Bysshe Shelley avec lequel elle s’enfuit. Mary Shelley retrace le destin tourmenté de celle qui à 19 ans seulement, invente le monstre de Frankenstein, accouchant d’un des romans qui révolutionnera la littérature anglaise.

Une mise en scène qui s'inscrit dans la lignée des films de Jane Campion.

Fanning (actuellement à l’affiche de How To Talk To Girls At Parties, voir notre interview du réalisateur John Cameron Mitchell ) donne toute l’intensité voulue à une Mary Shelley en proie à l’amour et au désarroi. À ses cotés, Douglas Booth (Noé, The Riot Club…) campe avec la désinvolture idéale son amant et futur mari Percy Shelley. Leurs idées progressistes et leur scandaleuse union libre vont les maintenir en marge de la société de l’époque.

On ne sera pas étonné d’apprendre que le film est réalisé par la saoudienne Haifaa Al-Mansour (Wadjda, 2013), pour qui l’histoire d’une femme que l’on empêche de créer dans une société patriarcale, n’a rien d’un drame historique. La manière dont elle filme Elle Fanning, encombrée par ses jupes trop longues, ses chapeaux, ses corsets… se révèle empreinte d’un naturel rappelant que la réalisatrice sait de quoi elle parle. Pour elle, ce n’est pas non plus un simple film en costume. Sa mise en scène s’inscrit dans la lignée des films de Jane Campion (La Leçon de piano ; Bright Star…).

Au delà d’un hommage à une femme déterminée et courageuse, le film ne se résume pas à un biopic sur la romancière. Il s’attache à mettre en lumière la genèse de Frankenstein ou le Prométhée moderne, chef-d’œuvre gothique dont l’idée naît en Suisse au cours d’un long été pluvieux dans le château de Lord Byron. À l’instar du roman, il révèle que les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

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