Mariana Di Girólamo
« Ema occupe l’espace sans culpabilité. »
Dans Ema, Pablo Larraín chorégraphie le portrait d’une jeunesse féminine insurrectionnelle. Un ballet de cinéma, au cœur duquel brille l’actrice chilienne Mariana Di Girólamo. Depuis Santiago, cette révélation fracassante nous a confié son expérience sur le film. Présentations.
Interview : Caroline Veunac
Temps de lecture 5 min.
Quand Mariana Di Girólamo apparaît sur notre écran d’ordinateur, on n’en revient pas. Comment cette fille toute douce, presque enfantine, peut-elle être celle qui incarne Ema, l’anti-héroïne rebelle, retorse et péroxydée, du dernier Pablo Larraín ? Après les impressionnants El Club, Neruda et Jackie, le réalisateur chilien confirme sa virtuosité dans un opus encore plus radical : l’histoire d’une jeune danseuse qui devient une sorte de guerrière de la fluidité sexuelle et sociale, après que son mari chorégraphe (Gael García Bernal) et elle ont décidé de rendre l’enfant qu’ils avaient adopté.
Dans la peau de cette rebelle à la beauté crâne et aux yeux revolver, avatar millenial de Terence Stamp infiltrant une famille bourgeoise pour la faire exploser dans le Théorème de Pasolini, Mariana Di Girólamo impose une présence magnétique, opaque et séduisante. Armée d’un lance-flammes dans les rues de Santiago, cheffe d’un escadron de filles sensuelles et sauvages qui dansent le reggaeton à la nuit tombée sur les toits de la ville, mère indigne et incestuelle, diable en puissance… Ema est un peu tout ça, symbole abrasif d’une génération qui fait table rase du passé patriarcal, et de la peur que ça inspire aux autres. De scènes de danse hallucinantes d’énergie brute en plans-séquence anxiogènes, Pablo Larraín filme l’ambivalence de la société face à sa jeunesse.
À mesure que l’interview bat son plein, l’évidence se fait sous nos yeux. La réserve de Mariana Di Girólamo n’était qu’apparente. Sous le voile de timidité, alors qu’elle nous raconte ses classes dans une telenovela et son amour du théâtre expérimental, on retrouve chez l’actrice de 29 ans quelque chose de son personnage. Une vitalité, une force, une énigme aussi… Pablo Larraín l’aurait choisie parce qu’il avait trouvé, en couverture d’un magazine, que son regard avait quelque chose de mystérieux. Ce mystère est une révélation, et une carte de visite. Déjà signée chez UTA, un prestigieux agent de stars hollywoodien, Mariana Di Girólamo n’a vraisemblablement pas fini de nous intriguer.
Ema, le 02 septembre au cinéma
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Disponible sur la plateforme du festival de de Gérardmer : https://online.festival-gerardmer.com/

Host, au Festival du film international de Gérardmer
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