Leave no Trace

L’appel de la forêt

Film. Entre thriller et film social, Debra Granik livre un portrait saisissant d’un père et de sa fille cachés dans la forêt. Nous avons rencontré la réalisatrice lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville.

Temps de lecture 3min

Par Jacques Braunstein

Ils ne laissent pas de traces… Will vit avec sa fille Tom dans la forêt. Ils font du feu, cuisent sur un réchaud les champignons qu’ils ont cueilli, réparent les bâches qui leur servent d’abris, cachent leurs biens sous une souche…

Mais cette forêt est au cœur d’un parc national à quelques encablures de Portland (Oregon). Et c’est de là que viendront leurs problèmes. C’est interdit de vivre là et les services sociaux s’intéressent à leur cas.

cinéma sec et quasi-documentaire qui n’est pas sans rappeler celui des frère Dardenne

S’apercevant que le père (Ben Foster) s’occupe bien de sa fille et a pourvu à son éducation, ils cherchent ensuite à lui trouver une maison, un travail dans une exploitation agricole… Mais l’ancien soldat écœuré par la civilisation, et visiblement atteint de syndrome post-traumatique, ne supporte pas cette nouvelle existence. Alors que sa fille adolescente se fait des amis et y prend goût.

La cinéaste Debra Granik pratique un cinéma sec et quasi-documentaire qui n’est pas sans rappeler celui des frère Dardenne (Rosetta, L’Enfant…) ou de Stéphane Brizé (La Loi du marché)… Elle parle même d’anthropologie visuelle pour qualifier son travaille, mais le terme ne doit pas nous faire fuir. Elle laisse place à la beauté majestueuse de la nature des forêts humides du nord-ouest des États-Unis. Granik pratique une saine soustraction, se débarrassant de toutes les questions superflues : revient-il d’Afghanistan ou d’Irak… qu’est devenue la mère… Pour ce concentrer sur l’essentiel : ce qu’ils font, la tension qui nait. Leave No Trace est aussi l’occasion de découvrir une nouvelle actrice, la néo-zélandaise Thomasin McKenzie, 18 ans. Nous la regardons forcement avec intérêt puisque la précédente fiction de Debra Granik, Winter’s Bone (2011), avait révélé Jennifer Lawrence (Hunger Game, Happiness Therapy, X-Men…). « Est-elle faite pour devenir une star ? Je n’en sais rien et ce n’est pas mon problème. J’ai regardé la manière dont elle tenait un couteau, dont elle se déplaçait dans la forêt, et j’ai sue que c’était elle. » explique la réalisatrice.

Nous nous étonnons d’ailleurs que son film n’ait pas obtenue de Prix à Cannes ou à Deauville, où il était présenté. Sa beauté formelle et sa tragédie à bas bruit nous ont séduit. L’ont-elles disqualifié face à d’autres films sociaux qui choisissent de camper des drames plus violents dans des décors plus sordides ?

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