Le Daim- King of Comedy

Quentin Dupieux dépoussière la comédie française…
Retour sur la carrière d’un réalisateur hors norme,
à l’occasion de la sortie de son nouveau film.

Par Jacques Braunstein

Temps de lecture 3 min.

Le Daim

Bande Annonce

Réalisateur autodidacte qui s’est d’abord fait connaître en 1999 comme musicien (Mr Oizo) et en réalisant lui même ses clips (Flat Beat avec le personnage de Flat Eric), Quentin Dupieux est une sorte d’homme orchestre qui écrit, cadre, monte, peut écrire la musique, assurer la direction artistique de ses films ou en choisir la longueur à sa guise (rarement beaucoup plus d’une heure). De cette farouche autonomie naît un cinéma absurde, hors norme, qui ne semble jamais se plier aux règles de la comédie grand public.

Dupieux capte le côté
terroir de Dujardin.

Découvert en 2001 par le milieu du cinéma avec Le Non-Film (tout un programme), il est ensuite parti aux États-Unis pour enchaîner les projets hors normes. Steak (2007) qui tordait l’image d’Éric & Ramzy, Rubber et son pneu tueur, Wrong puis Wrong Cop sorte d’hommages décalés aux ZAZ (Y a-t-il un flic pour sauver le président, Y a-t-il un pilote dans l’avion…)… Ses trois derniers films semblent esquisser un retour vers le cinéma français. Car si le premier Realité (2015) se déroulait encore à Los Angeles, il mettait en scène Alain Chabat dans le rôle d’un réalisateur. Comme pour rappeler que La Cité de la Peur et les Nuls sont les premières références françaises auxquelles on peut rattacher le cinéma foutraque de Dupieux. Au Poste (pour lequel nous l’avions rencontré) continuait ce processus de réacclimatation, avec Benoît Poelvoorde (l’acteur de C’est arrivé près de chez vous, une autre source possible du cinéma de Dupieux) et Grégoire Ludig du Palmashow, l’un des nouveaux pendants télévisuels de son genre d’humour.

Dujardin chez Chabrol ?

Restait donc Jean Dujardin, sorte de patron du comique à la française (Brice de Nice, OSS 117, The Artist...) auquel Dupieux devait se confronter. Dans Le Daim, en l’expédiant dans les décors kitschs d’une station de moyenne montagne hors saison, il le plonge d’emblée dans un univers qui évoque Chabrol et Blier père et fils (Buffet Froid). Il capte le côté terroir de l’acteur. Dupieux est clairement de retour chez nous, au cœur d’un imaginaire français qu’il va perpétuer et pervertir d’un même mouvement…

Le Daim, c’est un blouson pour lequel un homme quitte sa région, sa femme, sa vie pour faire son acquisition. Avec ce blouson, il va nouer un étrange dialogue et fomenter une alliance meurtrière. Il rencontre également Adèle Haenel, serveuse et wannabe monteuse à laquelle il fait croire qu’il est cinéaste et qu’il va embarquer dans sa croisade absurde… Noir et grinçant, le film tient toutes ses promesses et Dujardin donne à son personnage un côté inquiétant qu’on ne lui connaissait guère.

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