Judy
Renée Zellweger revient en force en incarnant une Judy Garland
en fin de carrière dans le film de Rupert Goold, un rôle qui lui a
notamment valu l’Oscar de la meilleure actrice.
Décryptage d’une renaissance artistique.
Par Paola Dicelli
Temps de lecture 5 min
Elle a mis K.O toutes ses concurrentes avec son quadruplé gagnant : Golden Globes, SAG Awards, Bafta et l’Oscar… seize ans après Retour à Cold Mountain qui lui avait valu son premier Oscar, Renée Zellweger est de retour ! Car hormis le troisième volet de Bridget Jones en 2016, elle était tombée dans les limbes hollywoodiennes depuis une dizaine d’années. On ne parlait plus que de sa chirurgie (très) abusive et de sa maigreur. Comme il était loin le temps où elle chantait « All by Myself » à tue-tête, et permettait à toute une génération de femmes d’assumer leurs formes. Comme ils étaient loin ses superbes numéros de claquettes de Chicago (2002) qui lui avaient valu son second Golden Globe. Quand on l’a vu dernièrement dans l’accablant What/if (Netflix) on avait presque oublié qu’un jour, Renée Zellweger avait eu du talent. Et c’est Judy Garland, telle un deus ex machina, qui lui rend ses lettres de noblesse cinématographique. Dans le biopic de Rupert Goold, elle campe la star du Magicien d’Oz vieillie, endettée, malade et plus très populaire, qui tente un come-back dans un music-hall de Londres. C’est probablement ce reflet avec sa propre vie (alcool mis à part) qui a tant nourri sa performance. Mais paradoxalement, c’est en jouant la déchéance d’une légende de Hollywood, que Renée Zellweger amorce sa propre renaissance.

Malgré ou à cause de ces imperfections, on se laisse prendre
Down the Rainbow
Le schéma ne date pourtant pas d’hier. En 1950, quand Gloria Swanson tourne Sunset Boulevard de Billy Wilder, elle est au creux de la vague, n’ayant pas réussi sa reconversion dans le parlant. Et c’est en incarnant une actrice vieillissante vivant dans l’illusion de sa gloire passée qu’elle revient sous les projecteurs. Résultat, un Golden Globes et une nomination aux Oscars pour la comédienne. Judy est donc le Sunset Boulevard de Zellweger surfant par ailleurs sur la vague des biopics musicale (Bohemian Rhapsody, Rocketman, Dalida…). Et hormis quelques bonnes scènes de flashback sur le tournage du Magicien d’Oz, qui montrent la cruauté des producteurs hollywoodiens, le long-métrage de Rupert Goold bascule rapidement dans le classicisme. Mais il a au moins un mérite d’amortir son actrice à 100%. Comme sur un CV LinkedIn, Renée Zellweger montre à quel point elle sait faire le show : chanter, danser, émouvoir… Même si l’on mettra un bémol quant à son apparence physique, parfois plus proche de celle d’Anne Sinclair période « 7 sur 7 » que de celle de la dernière Judy Garland.
Un come-back réussi
Malgré ou à cause de ces imperfections, on se laisse prendre. A la fin du film, lorsqu’elle chante sur la scène londonienne la célèbre chanson de Dorothy « Somewhere over the Rainbow » entrecoupée de sanglots, on ne sait qui, de l’actrice, repensant à sa carrière fastueuse dans les années 2000, ou du personnage, s’exprime. La chanson résonne alors en écho : « Someday I’ll wish upon a star and wake up where the clouds are far behind me / Un jour je ferai un vœu en regardant une étoile et je me réveillerai dans un lieu où les nuages seront derrière moi ». Judy Garland morte à 47 ans en 1969, quelques mois après le show au centre du film, n’a plus jamais connu l’arc en ciel du succès… Renée Zellweger, 47 ans également, a réussi son come-back, et on lui souhaite un plus beau destin…
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