Red Sparrow

Jennifer Lawrence se transforme en Jenn Bond

Film. Une histoire d’espionnage qui sent bon la guerre froide pourrait sembler démodé. Mais alors que la Russie est accusée par la Grande-Bretagne d’avoir empoisonné un ex-espion, elle semble tout à coup d’une actualité brûlante. Explications.

Temps de lecture 3min

Par Lisa Moumni-Barbault

Trois ans après la fin de la saga The Hunger Games, Jennifer Lawrence retrouve le réalisateur Francis Lawrence pour Red Sparrow. L’actrice a bien grandi depuis le début des aventures de Katniss, remportant notamment l’Oscar pour Hapiness Therapy en 2012. Et leur nouveau film se veut résolument adulte, même s’il reprend l’univers visuel léché et le parti-pris violent de leurs précédentes collaborations. C’est un thriller d’espionnage quelque part entre Jason Bourne (en moins épileptique) et les classiques paranoïaques du genre, comme  Scorpio ou Les 3 jours du Condor. Un peu comme si le duo des Lawrence voulait garder leurs fans tout en convainquant un public plus large.

“On peut voir Red Sparrow comme un film féministe post #metoo”

Et pour cela, il dispose d’arguments crédibles. L’actrice prête sa plastique affutée à une danseuse du Bolchoï contrainte de mettre fin à sa carrière suite à une blessure. Son oncle haut placé dans les services secrets russes – Matthias Schoenaerts qui joue, cette fois, plus de ses ambiguïtés que de ses muscles – la pousse à intégrer l’école des moineaux (traduisez « sparrow » en anglais) afin de devenir une espionne aussi experte en close-combat qu’en techniques de séduction.

Rapidement, elle est envoyée charmer et soutirer des informations à un agent de la CIA incarné par Joel Edgerton (Gatsby, Loving). Une relation de confiance s’installe entre eux sans que l’on ne sache vraiment si l’espionne est dans son rôle de « sparrow » ou si elle a baissé sa garde…

Cette superproduction allie les codes d’un film d’espionnage à ceux d’un thriller à la violence parfois insoutenable. Pendant plus de deux heures, Francis Lawrence nous balade d’un revirement à l’autre… De Moscou à Budapest, de Vienne à Londres (ce qui résonne étrangement avec l’actualité et l’expulsion de 23 diplomates russes à la suite de l’empoisonnement d’un ex-espion et de sa fille).

Red Sparrow multiplie les rebondissements, pourtant il n’est pas interdit de trouver le temps un peu long. Jusqu’à ce que Francis Lawrence réussisse à surprendre au dénouement. Au delà d’un film d’espionnage classique, l’histoire se révèle plus intime. Maintenue au second plan, la relation à la frontière entre la reconnaissance et la rancœur, liant le moineau et son oncle prêt à la sacrifier pour monter en grade, se révèle être le socle du scénario. Un rapport qui évolue de manière sous-jacente tout au long du film. Là encore, ce divertissement à priori formaté est un miroir de l’époque. On peut voir Red Sparrow comme un film féministe post #metoo : l’histoire d’une femme forte à la détermination sans faille qui prend en main son destin, face à des hommes pour qui elle n’existe que par le désir qu’elle suscite. Un film féministe version Lara Croft ou Atomic Blond plus que Simone de Beauvoir.

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