Une femme heureuse

The blues mother

Film. Gemma Arterton, productrice et co-auteure, prête sa beauté renversante à une desperate housewife au bord du burn-out. Portrait de l’actrice en femme au foyer.

Temps de lecture 3min

Par Isabelle Boudet

« Comme d’habitude, toute la journée, je vais jouer à faire semblant… » chantait Claude François. C’est la vie routinière de Tara, jeune mère au foyer de la banlieue de Londres dont les jours s’égrènent pour mieux se ressembler.

“Une femme heureuse, Captation originale d’un malaise contemporain.”

Comme les couplets ternes d’une chanson triste, comme les barreaux d’une prison dorée… Son époux amoureux, ses enfants mignons, sa maison moderne et son train de vie confortable, ne l’empêchent pas d’étouffer, de suffoquer même. À l’heure de la charge mentale et de #MeToo, elle ne supporte plus un mari content, lui, de cette épouse aussi docile que sensuelle, avec laquelle il peut « tirer un petit coup avant d’aller au boulot. » #Balancetonquotidien.

Captation originale d’un malaise contemporain, Une femme heureuse navigue entre le naturalisme des décors et des costumes confondants d’ordinaire, et l’impressionnisme du ressenti de l’héroïne filmée au plus près du moindre grain de peau.

Gemma Arterton (Quatum of Solace, Tamara Drew, Gemma Bovery) est de tous les plans, intensément. Productrice et coscénariste, l’actrice britannique apporte son regard et sa sensibilité au réalisateur issu du monde du documentaire. C’est le deuxième long-métrage de fiction signé Dominic Savage dont la filmographie commence étonnamment avec une apparition enfant, dans le Barry Lyndon de Stanley Kubrick. Love + Hate, sorti en 2006, était resté inédit en France.

Malheureusement, le film s’essouffle dans sa seconde partie. Tara qui cherchait de l’air dans une passion soudaine pour l’art médiéval, voit ses aspirations balayées d’un revers de main par son entourage hermétique. Pour respirer, l’héroïne (aussi francophile que son interprète) n’a qu’une solution : la fuite. Mais l’escapade parisienne qui donne son titre original au film (The Escape) oscille entre l’improbable et le ridicule. Et notamment sa rencontre avec un photographe dragouilleur (Jalil Lespert). Avant d’être sauvée par Marthe Keller (Marathon Man, Fedora), déesse ex machina, qui assène, définitive : « Il faut parfois plus de courage pour rester que pour partir ». Et pour continuer à faire semblant ?

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