Bienvenue en Sicile

Premiers pas dans la mafia

Film. Une fable cinglante sur la libération de la Sicile par les américains durant le Seconde Guerre mondiale, signée par Pierfrancesco Diliberto, star de la télévision transalpine. 

Temps de lecture 3min

Par Jacques Braunstein

Arturo vivait sa petite vie de sicilien de New York très épris de la belle Flora a qui on a prévu un autre avenir. Il doit se déclarer auprès du père de la jeune femme mais problème, il est bloqué en Sicile… Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale et il il s’est enrôlé dans l’armée à l’aube du débarquement sur son ile d’origine

“Les américains avaient demandé à Lucky Luciano de leur faciliter le débarquement.”

Bienvenue en Sicile, est le deuxième long-métrage pour Pierfrancesco Diliberto aka PIF, célèbre comique italien qui officie sur le MTV local. Déjà auteur de La mafia tue seulement en été, il continue à explorer avec humour l’histoire violente et chaotique de son ile.

In Guera per Amore, le titre original de Bienvenue en Sicile mérite largement le voyage. On sait aujourd’hui qu’en Irak ou la Libye ou les Américains se sont appuyés sur des clans aux pratiques mafieuses pour sécuriser leur occupation. En Sicile, c’est carrément au parrain des parrains de la mafia américaine que l’armée américaine a fait appelle. Lucky Luciano, purgeait alors une peine de trente ans dans une prison de l’État de New York. En échange de sa libération, il rentre en contacte avec les parrains locaux qu’on retrouvera ensuite aux postes clés de l’administration post-Mussolinienne. Dessinant avec cynisme et désinvolture le visage de la Sicile d’aujourd’hui : une puissance insulaire violente et corrompue.

Le film se présente comme une carte postale humoristique. On ne peut s’empêcher de penser au cinéma de TOTO (le « Charlot » italien) et à la Commedidell’arte… Alors que son scénario alambiqué ressemble à l’âme sicilienne, mixant faits de guerre hallucinants et histoire d’amour sublimée dans un élan qui n’est pas sans rappeler le grand écrivain Sicilien Luigi Pirandello.

La réalisation proche de celle d’une série de la télévision italienne n’est pas toujours à la hauteur du sujet. Mais Pif parvient à livrer une fable terriblement contemporaine. Relevé par des plans doré comme les blés de Sicile et des seconds rôles haut en couleurs qui rappellent que les siciliens sont des acteurs nés.

Aujourd’hui le peuple sicilien commence à peine à se rebeller contre mafia avec le mouvements anti-pizzo (« taxe » de la mafia). Et il aura fallu 60 ans de lutte pour voir des chefs de clans derrière les barreaux. Un film qui rappelle que quand les États-Unis joue au héros, ils partent souvent en claquant la porte, ce qui ne peut que nous inquiéter quant à l’avenir des pays qu’ils ont « libéré ».

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