C’est ça l’amour

A l’Est tout va mieux

Film. Chronique sensible d’une famille en reconstruction qui joue des clichés.
Le film de Claire Burger a reçu la Flèche de Cristal du Festival du Cinéma Européen des Arcs,
alors que Bouli Lanners recevait le prix d’interprétation masculine.

Par Perrine Quennesson

Temps de lecture 3 min.

C’est ça l’amour

de Claire Burger

Bande Annonce

Les stéréotypes, Claire Burger les goûte peu. Déjà en 2014, elle réalisait (avec Marie Amachoukeli et Samuel Théis) un film à l’encontre de ce qu’on pouvait attendre se son titre : Party Girl. De cette Caméra d’or à Cannes ressortait le portrait d’une sexagénaire, libre, forte et mélancolique, consciente de ce qu’elle projetait et de ce qu’elle était. En solo pour C’est ça l’amour, la cinéaste dresse le portrait d’un homme et de ses filles, au pied du mur mais prêts à reprendre de la hauteur. Comme ses précédents court métrages, il a été tourné à Forbach, d’où est originaire la réalisatrice. Et à travers sa caméra, l’ancienne ville minière l’Est de la France devient le laboratoire du renouveau des poncifs sur la féminité et la masculinité.

Flèche de Cristal
du Festival du Cinéma Européen
des Arcs

Mario, la petite cinquantaine, se retrouve bien désemparé. Sa femme, à laquelle il était marié depuis vingt ans, a décidé de reprendre sa liberté. Loin de la juger, il reste là, seul, à s’occuper de ses deux filles, Niki, 17 ans, droite mais rigide, et Frida, 14 ans, en quête de sens.

Bouli Lanners incarne ce père paumé et cet amoureux égaré avec une grâce qu’à tort on ne lui prêtait pas. Au bord de l’émotion, et n’ayant jamais peur d’y plonger pour asseoir l’errance de son personnage en quête et en don d’amour, il est tout simplement bouleversant. Loin du cliché du mari vengeur ou apitoyé sur son sort, il est juste cet homme chamboulé qui doit repenser son rapport à lui-même et aux autres. En particulier à ses filles. Papa présent mais maladroit, il a face à lui deux personnes en transition. La première s’apprête à devenir une adulte parfois trop sévère dans sa conception des relations. La deuxième entre tout juste dans le dur de l’adolescence, teste ses et les limites tout en découvrant son désir pour les filles.

Tous se retrouvent confrontés à l’Amour, à ses ratés, à ses beaux moments, à sa passion et à sa violence. Tour à tour bourreaux et victimes, notre trio apprend juste à composer et à exprimer ses sentiments. En particulier Mario, qui en intégrant un cours de théâtre, prend conscience que son corps n’est pas qu’un outil mais aussi le vecteur de ses émotions. Et que, comme dans un conte, un baiser agit souvent comme un grand révélateur.

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