L’HEURE DES CADEAUX

5 fictions pour s’évader pendant les fêtes

Coincée entre le confinement I et le confinement II, l’édition 2020 des fêtes de Noël s’annonce un peu morose. Somewhere Else vous donne 5 conseils pour penser à autre chose que le taux d’incidence, et souffler sur les braises de la magie de Noël.

Par Caroline Veunac

Temps de lecture 5 min.

Un Pixar tendre et profond

Rien de tel qu’un Pixar pour caresser son âme d’enfant sans se vautrer dans la niaiserie. Signé Pete Docter, l’artisan de Là-Haut et Vice-Versa, le cru 2020 creuse la veine métaphysique devenue la marque de fabrique du studio d’animation : on y suit un aspirant jazzman mort au seuil de son premier gig, qui atterrit dans la zone où sont forgées les âmes avant d’être envoyées sur terre. Bien décidé à revenir à la vie, il fait équipe avec 22, une des pensionnaires de ce curieux centre de formation, qui, elle, ne comprend pas bien pourquoi tout le monde s’excite sur l’existence humaine… Si Soul pousse très loin, jusque dans l’audace de certains choix graphiques, la représentation de notre rapport à la mort et au temps, il nous offre aussi le plaisir tout doux d’un buddy movie à l’ancienne. Quelque part entre le vertige existentiel et le réconfort d’une infinie tendresse, il dialogue idéalement avec nos interrogations et nos besoins du moment.

Soul, de Pete Docter, sur Disney+

Un court-métrage surréaliste : Meshes of the Afternoon

Vous pensiez que Vertigo était LA matrice de Mulholland Drive ? Regardez Meshes of the afternoon et on en reparle. Mis à la disposition sur la plateforme Mubi, ce film de 14 mn, réalisé en 1943 par Maya Deren et Alexander Hammid, un couple de cinéastes expérimentaux influencés par Buñuel et Cocteau, fonctionne sur un principe de boucle et de dédoublement qui évoque immanquablement le chef-d’œuvre de Lynch. Maya Deren, silhouette à la modernité insolente, y incarne une femme qui, s’étant assoupie dans un fauteuil, rêve qu’elle poursuit une ombre encapuchonnée dont le visage est un miroir, encore et encore, chaque répétition marquant une gradation dans l’horreur. Nervé de psychanalyse et de surréalisme, ce trésor d’avant-garde retrouvé démontre que le cinéma dans son expression la plus pure est capable de reproduire la texture des songes. Une merveille hypnotique, à découvrir sur le champ.

Meshes of the Afternoon, disponible sur Mubi

Une série addictive : The Wilds

L’ombre de Lost aura décidément plané sur l’année 2020. Après le Prix Goncourt remis à Hervé Le Tellier pour L’Anomalie, roman qui met en scène des personnages liés par un incident survenu sur un vol Paris-New York, et le carton de Koh Lanta, devenu le show télé le plus fédérateur du confinement, l’écho de la série la plus addictive des années 2000 se fait à nouveau sentir dans The Wilds. Habilement détourné par Sarah Streicher, une des scénaristes de Daredevil, le concept d’une île étrange où tentent de survivre un groupe de naufragés est ici mis au service d’une aventure aux accents féministes. Les neuf héroïnes de la série croyaient partir dans un camp pour adolescentes en crise, elles se retrouvent rescapées d’un crash aérien, dans un no man’s land hostile, où elles devront surmonter leurs insécurités respectives pour s’entraider. Moins formatée qu’elle en a l’air, The Wilds offre un panorama souvent brutal des angoisses dont héritent les jeunes filles, et des forces qu’elles sont capables de mobiliser. Sans oublier de nous tenir en haleine avec un suspense bien orchestré. À binge watcher entre les huîtres et la bûche glacée.

The Wilds, disponible sur Amazon Prime Video

Une comédie romantique cheesy : Ma belle-famille, Noël et moi

Qu’il n’y ait pas de malentendu : Ma belle-famille, Noël et moi n’est pas un très bon film. Et on vous comprendra si vous préférez revoir une centième fois La Vie est belle de Capra. Mais au rayon nouveautés des rom coms de saison, le film de Clea DuVall est ce qu’on a trouvé de plus mignon. Mignon, et réjouissant, puisque le scénario attendu de la bluette de Noël est ici respecté à la lettre, mais avec deux filles sous le sapin. Kristen Stewart aime Mackenzie Davis qui le lui rend bien. La seconde propose à la première de l’accompagner passer les fêtes chez ses parents, en omettant de lui dire que ces derniers ne savent pas qu’elle est gay, encore moins qu’elle a une copine. La suite, vous l’imaginez, et il n’y aura pas beaucoup de surprises… Mais si Happiest Season (en VO) est un peu paresseux, il se laisse regarder sans déplaisir grâce au charme de son adorable couple, au peps de certains acteurs secondaires (Mary Holland, Dan Levy ou Aubrey Plaza), et à une scène de coming out touchante, qui pourra faire verser une petite larme aux plus sensibles (ou fatigués) d’entre nous. Idéal pour traîner en pyjama dans le canap.

Ma belle-famille, Noël et moi, disponible en VOD

Un teaser galvanisant : The Beatles : Get Back

Si vous avez dépassé votre temps d’écran supportable en 2020 et prévoyez des vacances loin de toute lumière bleue et autre stimulation cathodique, prenez au moins 5 minutes, si ce n’est pas déjà fait, pour regarder les premières images de The Beatles : Get Back. Le documentaire sur Let it be, le dernier album original des Beatles, ne sortira qu’à l’été 2021, mais ce teaser dévoilé par Peter Jackson, depuis sa salle de montage en Nouvelle-Zélande, est un coup de soleil au milieu de la déprime ambiante. Dans des archives d’une qualité stupéfiante, on découvre John, Paul, George et Ringo en studio, exubérants de jeunesse et d’espièglerie, si réels qu’on a le sentiment qu’on pourrait les toucher, et revenir comme par magie dans un passé plus insouciant. Alors que cet enregistrement est connu comme celui du divorce et des ressentiments, ces images délivrent au contraire un sentiment d’amitié pure et de complicité inaltérable. Une illusion ? Peut-être. Mais en attendant l’été prochain, on a juste envie d’y croire.

Le teaser de The Beatles : Get Back est disponible ici

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